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Florida : the Sunshine State

Il faut sortir d’ici !

Le coup de foudre est maintenant loin : cela fait 3 semaines environ. Et puis nous ne naviguons plus… terminus !

Mais que le temps est long désormais ! A peine le w.e. passé, l’expert d’assurance est passé. J’étais plein d’espoir… mais c’était sans compter sur les délais.

Le type est plutôt adorable, mais il n’a jamais vraiment opéré sur des voiliers. Rien que son malaise en dit long, en réalisant que là on ne débarquait pas avec ses grosses chaussures, mais qu’il fallait être nus-pieds ! Et il confirme : il vient de passer plusieurs semaines sur une affaire de porte containers qui avait flambé en mer… pas le même univers !

Il enjambe la filière en se cramponnant à tout ce qui peut assurer sa stabilité (il est… rond). Autant dire qu’il ne montera pas au mât. J’y grimperai moi-même pour lui prendre en photos les antennes fondues.

Il n’est pas non-plus électricien ou électronicien. Heureusement, le chantier Just Catamarans est présent pendant son audit et lui confirme, sondes à la main, que l’électricité multiplexée est totalement HS.

En fait il attendra le devis du chantier pour faire son rapport. En gros, si le chantier dit « ça s’est cassé, il faut changer, ça coûte n USD« , alors il dira la même chose.

Il faudra une bonne semaine pour recevoir le devis… et encore il y a des oublis (pas le bon nombre d’appareils, rien sur la voile partiellement grillée, …).

Et tous les soirs on s’enferme dans la chaleur étouffante du bateau, alors que les « no see’ums » (« les bzzz qu’on ne voit pas »), ces moustiques microscopiques, attaquent en piqué.

Il y a tout de même une continuité de notre vie d’avant : il y a 2 locataires qui vivent également sur leurs catas en cours de réparation.

  • un famille de français avec leur tout jeune fils (Nicolas travaille chez Red Hat [la célèbre distribution Linux])
  • un famille d’américains avec deux enfants (Casey et Erin ont travaillé >10 ans chez SpaceX [j’adore…])

Alors quelques bières avec les uns et les autres, un coup de main pour leurs projets de bricolage sur leur bateau, un tour dans la piscine de la maison qu’ils ont loué (pas fous, ils s’éloignent des no see’ums) et les jours passent.

Moutik est à vendre

Avis aux amateurs… Le bateau est en parfait état et sera presque comme neuf après les travaux de réparation : électricité et électronique remises à neuf, voile d’avant neuve et le gréement intégralement révisé, si ce n’est changé !

Un américain (ou plutôt un russe naturalisé à la chute du mur) viendra visiter Moutik. Il restera longtemps, près de 5 heures… j’y passerai du temps… à suivre !? Peu probable : on ne sait pas encore où sera réparé Moutik, aux USA ou en France ?

Mais soyons raisonnables : il sera vendu en France, pas ici. Qui achèterait avant de voir le bateau réparé ?

Fuyons !

Enfin… arrive la date à laquelle nous aurions dû rejoindre la Floride, par les airs depuis Nassau, pendant qu’un skipper se lançait à notre place dans la transat-retour… si le ciel ne s’était pas acharné sur nous.

Nos valises sont faites, Moutik est tout propre, tout rangé, … c’est étrange ce sentiment : c’est la première fois qu’on ne va pas dormir dans notre bateau. Pire, c’est la dernière fois que les filles le voient… elles jettent un dernier regard à leurs petites chambres… Brune est en pleurs… nous en avons la gorge serrée. Nous le reverrons, car il faudra tôt ou tard vider nos affaires.

Les petites ont les yeux rougis

J’ai presque l’impression d’abandonner quelqu’un. Ce bateau qui nous a abrité, fait voyager, … et qu’on abandonne dans cette zone portuaire sale. Il est si beau, si brillant, au milieu de tous les bateaux hors d’âge qui sont là pour des réparations interminables et qui ne les rendront même pas beaux.

Clac, la porte se verrouille. Tous les hublots le sont également.

Zip, le bimini se referme sur le cockpit qui nous a abrité pendant les traversées, les grains, les repas, …

Et nous partons en voiture, direction Orlando, à 3h30 vers le Nord.

[Aurélie] Brune qui s’était calmée fond de nouveau en larmes. Léo, vaillante jusque là, a du mal à retenir ses larmes. Je m’installe à l’arrière avec elles pour remonter le moral des troupes. Pas facile de faire le clown quand on a soit même la gorge serrée. Depuis deux jours on s’active sur le bateau pour le préparer à son long sommeil. Je suis en mode « opérationnel » et je ne me pose pas de question. Mais au moment de refermer la porte, je réalise que le voyage est vraiment terminé. Eric a raison, c’est plus qu’un bateau, c’est plus qu’une maison, c’est notre nid, notre abri, un cocon protecteur qui nous a porté jusqu’ici. Un allié indéfectible qui nous a aidé à traverser les moments compliqués. Si je n’avais pas eu autant confiance dans Moutik, je n’aurais pas pu apprécier cette année comme je l’ai fait. Moi qui ai déménagé des dizaines de fois, c’est la première fois que je ressens ça.

[Eric] Autre allié important pour ce voyage (pourquoi n’a-t-on pas essayé plus tôt !?) : AUDIBLE (librairie en ligne d’audio-books) qui lit Harry Potter. Les filles sont capable de tenir 3 heures sans jamais demander « quand est-ce qu’on arrive ? » !!!

Entertainment

C’est parti pour un programme chargé, dont les filles n’ont pas connaissance :

  • 4 jours à Orlando, dans les parcs à thème Universal (Island of Adventure, Universal Studios) et le parc aquatique Universal Volcano Bay.
  • Kennedy Space Center
  • visite guidée dans Wynwood, le quartier artistique de Miami
  • journée dans un refuge pour tortues, dauphins, perroquets, et autres animaux blessés ou incapables de retourner dans leur milieu naturel … avec en prime 1h en famille dans le bassin d’un dauphin
  • balade en Air Boat dans les Everglades, avec alligators, tortues, oiseaux, …
  • et on termine par 5 jours dans les « Keys », à Key Largo : mer, piscine.

Les USA c’est nul pour manger (ils sont en perdition et ne s’en remettrons jamais, ils sont condamnés à construire des voiturettes pour que les gros puissent grossir encore plus), mais c’est bien pour ça : l’entertainment.

Et puis la conduite : on fait 500 Km sur des routes peu encombrés, totalement rectilignes : pas étonnant que l’on puisse ici faire piloter les voitures Tesla par un ordinateur.

Universal

Nous sommes logés dans les hôtels immenses et sans charme (et chers !), mais bien pratiques car au pied des parcs.

Et quels parcs ! Les filles ont enchaîné les Harry Potter. Elles sont totalement fans (elles ne lisent pas encore suffisamment bien, évidement, ce sont les films qu’elles ont vu). Et là, dans les deux parcs à thème, il y a la ville de H.P. (Pré-au-Lard en français), le train (Poudlard Express) et l’école (Poudlard) : roller coasters, projections, boutiques, restaurants, … émerveillement garanti !

Mais ce qui nous occupera deux jours entiers c’est le Volcano Bay. Un parc aquatique d’inspiration hawaïenne, avec toboggans géants, rivières rapides, … c’est l’endroit idéal pour supporter la chaleur et l’humidité de la Floride en cette saison. Les filles (qui sont devenues de vrais petits dauphins) s’y régalent et enchaînent les manèges les plus impressionnants.

Kennedy Space Center

Titusville : ça ne vous dit rien ? Pourtant c’est la ville qui fait office de porte vers les étoiles. C’est une ville insignifiante, plate et inintéressante, comme l’Amérique en compte tant. Sauf que c’est là que tout est arrivé : le programme Apollo, les navettes spatiales et maintenant SpaceX, Blue Origin… et demain c’est d’ici que les hommes partirons coloniser la Lune, Mars et au-delà.

Les hôtels n’en sont pas moins miteux. A la réception, la statue d’un astronaute en scaphandre rappelle où l’on est. Mais c’est bien la seule originalité.

Il faut encore conduire une bonne heure, à travers une nature au vert étouffant. Tout pousse : il fait chaud, il y a de l’eau (et des moustiques) partout et le soleil cogne pour ne céder la place qu’aux orages qui viennent déverser l’évaporation de la journée.

Et puis les premières clôtures apparaissent, les hangars des contractants de l’espace… et les fusées apparaissent : le Rocket Garden. A l’entrée des visiteurs, passé le parking, ils ont rassemblé les fusées des années 60 et de la conquête spatiale orchestrée par Kennedy : Mercury, Gemini… et une énorme Saturn V, si énorme qu’elle est allongée au sol et non dressée vers le ciel.

On va de hangar en hangar, de film 3D en simulateur… on découvre la navette Atlantis (la vraie), des capsules exiguës, …

Et sur l’horizon (on ne pourra pas approcher à moins d’1Km environ), le pas de tir LC-39… Mythe des Mythes ! Ce pas a vu partir (et parfois… exploser) les fusées du programme Apollo (Mercury, Gemini et Saturn V), toutes les navettes spatiales de 1981 à 2011… et aujourd’hui s’y dresse une immense Falcon Heavy de SpaceX, qui s’envolera… dans 2 jours !

J’ai l’âge de mes filles… c’est un rêve !

[Aurélie] Je confirme, Eric a des yeux de gosse émerveillé toute la journée! A défaut d’avoir, pour l’instant, pu assister en direct au lancement d’une fusée (les contacts ont été établi, grâce à la maman d’Eric mais le planning de lancement d’Ariane n’était pas compatible avec le nôtre. Ce n’est que partie remise), il s’est régalé à revivre l’aventure spatiale américaine.

Et il montre la photo de sa casquette Space X, mais il est aussi reparti avec celle de la Nasa. Pas de jaloux!

Wynwood

[Eric] Miami… c’est la démesure à l’américaine. La ville est immense. Des immeubles géants partout.

Et une seconde ville : Miami Beach. La ville ne semble être qu’un hôtel.

[Aurélie] Pour autant, si on accepte de se perdre un peu dans les ruelles, on découvre des quartiers charmants.

Quant à Wynwood, le quartier du street-art, c’est devenu très touristique mais ça n’en garde pas moins un charme fou. Nous avons visité ce musée à ciel ouvert guidés par un des guides français de http://www.miamioffroad.com dont j’ai malheureusement oublié le prénom mais qui était super. Très accessible, très bon relationnel avec les enfants, ayant une grande connaissance du street-art, de l’histoire du quartier et pas avare de conseils ou bons plans. On a adoré.

[Eric] On quitte le béton, direction les Florida Keys. Harry Potter nous accompagne dans l’autoradio.

Theater Of The Sea

Nouvelle surprise. Nous arrivons à l’entrée. Les filles (qui ne lisent guère et encore moins en anglais) identifient tout de même que c’est un parc animalier. Mais elles ne savent pas que dans quelques heures elles seront dans l’eau, avec un dauphin.

Le parc accueil des animaux blessés, des tortues en particulier.

Mais pas que… il y a des volatiles, des perroquets, qui ont été dressés et font d’impressionnantes démonstrations de leur habileté et de leur capacité d’arithmétique. Et des dauphins qui bondissent à la « Sea World », des otaries, des crocodiles…

Oui, ça crée un certain malaise. Les animaux sont-ils vraiment heureux ? Aussi intelligents et habiles soient ils, ils ne parlent pas et il est impossible de savoir. Mais clairement, les bassins dans lesquels ils vivent sont à l’océan ce qu’une goutte d’eau est à une baignoire.

Arrive l’heure du rendez-vous. Sous prétexte qu’il fait chaud et qu’il y a une petite plage, je dis qu’on va se changer et se mettre en maillot. Et puis on annonce : « on va aller nager avec un dauphin ». Aie… Léonie part en vrille. La peur. On rassure. Ils sont gentils, apprivoisés… elle qui les aimaient tant du haut de Moutik…

Finalement l’expérience est exceptionnelle : nous sommes dans un bassin « naturel », dans la mangrove, un dresseur, demeuré sur le bord, siffle, fait un geste et le dauphin plonge et réapparaît derrière nous et nous pousse avec son rostre contre la plante d’un pied : on devient aussi bon que le démonstrateur de Sea World ! Tracté par la nageoire dorsale, sur le ventre du dauphin, éclaboussé lorsqu’on l’éclabousse, … et pour terminer il exécute un saut périlleux vrillé.

[Aurélie] On nous avait parlé de ce parc comme d’un refuge pour animaux inadaptés à la vie en milieu naturel. Et pour les tortues, les crocodiles, les perroquets et les otaries, le discours semble vraiment sincère. Les soigneurs nous racontent l’histoire de chaque animal, comment il a été sauvé, soigné et comment ils ont tenté d’en réintroduire certains dans leur milieu naturel. Ils nous exliquent également comment ils leur apprennent des tours qui sont avant tout destinés à les aider dans leurs soins quotidiens.

Pour ce qui est des dauphins, le discours est moins clair. Il s’agit de dauphins nés en captivité et donc considérés a priori comme inadaptés au milieu naturel. Pour autant, doit-on leur faire faire 4 fois par jour des tours qui n’ont rien à voir avec des gestes de soin, devant un public bruyant et une musique tonitruante?… comme le dit Eric, difficile de savoir si ils sont vraiment heureux. Quand je pose la question aux soigneurs ils ont une réponse bien rodée : « les dauphins sont des animaux joueurs qui ont besoin d’être stimulés, sans ça ils déprimeraient. Et de toute façon on ne peut pas forcer un animal de cette taille et de cette intelligence à faire ce qu’il n’a pas envie de faire. » OK… Privez moi de bouffe pendant ne serait-ce que 48h et il y a de fortes chances pour que j’accepte de faire des sauts-périlleux en string avec une rose dans la bouche devant un parterre de gros américains effrayés par le spectacle… [Eric : m’étonnerait que t’y arrives ;-)] Comment sont réellement dressés/traités ces animaux? Difficile à dire. Le dauphin avec lequel nous avons nagé était très joueur. Par exemple, faisant fi de son soigneur, à un moment donné il est allé chercher une pousse de mangrove qui flottait à proximité et est venu me l’apporter en secouant son museau jusqu’à ce que je l’attrape. Est-il heureux pour autant. Si oui, est-ce le cas de tous les animaux du parc ? Nous ne le saurons pas. Au final, nous avons vécu un moment magique dans ce bassin mais je repars avec un petit goût amer dans la bouche…

Everglades

[Aurélie] On a tous en tête les images des séries américaines tournées dans les Everglades : des rangers en tenue de camouflage pourchassent des braconniers chevauchant leur airboat qui fend l’eau des marécages à toute vitesse, les crocodiles qui claquent des dents à leur passage et les oiseaux affolés qui s’envolent de partout…

Eh bien ce genre de trip, c’était le fantasme inavoué du GI Joe qui sommeille en moi. Et je suis ravie d’avoir pu le rayer de ma « Bucket list »! Accessoirement notre guide était génial. Il a vraiment su partager avec nous son amour pour sa région natale et a fait tout son possible pour faire en sorte que nous croisions, entre autres, des alligators, avec succès! Un seul regret : ne pas avoir pris un circuit plus long. La balade durait 1h et nous avons eu l’impression qu’elle n’avait duré que 15mn tellement c’était chouette. Et franchement, la variété des paysages mérite vraiment d’y consacrer plus de temps.

Key Largo

Après ce programme de visites chargé et avant de retrouver notre chère Patrie, nous repartons vers Key Largo où nous attend une semaine de farniente entre plage et piscine. Et nous ne serons pas déçus.

L’hôtel, de bonne facture, nous offre un accès direct à la plage et à une belle piscine. Les filles passent le clair de leur temps sous l’eau pendant que nous lézardons à l’ombre des parasols. Rien à dire ni à redire: un bons sas de décompression avant le retour à notre vie parisienne.

The end…

Et un matin, nous rangeons nos affaires une dernière fois, nous chargeons l’auto, direction l’aéroport international de Miami.

Là… c’est fini pour de bon : demain, vendredi 28 juin, nous nous réveillerons à Paris.

Quelle année…

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5 commentaires

  • Agathe

    Mais comme t va t on faire sans vos histoires ?! On vous dispense en effet du journal de bord de la vie parisienne, on connait trop bien. A quand les prochains? Nous on n’est pas prêts…. biz les ex glandus

  • Gérard Fitoussi

    C’est vrai que pour ceux qui vous lisent passionnément depuis le départ (et même avant !) il est triste de contempler ce point final.
    En fait ce fut bien plus qu’une année cette aventure car il ne faut pas oublier les années de rêves, de projets, de locations pour trouver LE bateau, et tout le cheminement vers la décision de sauter ce pas que peu se décident à franchir sous prétexte plein de bonnes ou moins bonnes raisons.
    A présent vous savez à quoi cela ressemble et pourriez y repiquer si l’envie est trop forte.
    Ce ne fut pas un voyage mais un mode de vie et ce cadeau que vous vous êtes fait vous aura (et encore plus les filles) changés pour toujours.
    Welcome back home les amis. Je vous souhaite bon vent à présent que vous êtes redevenus des terriens. En espérant le plais ode vous revoir bientôt. Affectueusement !!!

  • Ktou

    Là j’avoue que je n’y comptais plus: on vous déjà vus, on a écouté, on s’est emerveillés, on a admiré. Et on croyait que c’était fini. Mais là, ce petit plus, même plein de mélancolie, fait bien plaisir, d’autant plus que c’est une surprise.
    Que de choses en ces quelques jours! La civilisation a quand même du bon pour faire un peu oublier le cafard. Et puis quand même vous êtes rentrés à la belle saison: imaginez qu’on soit en novembre…
    Et puis surtout on est contents de vous avoir de nouveau parmi nous.
    Gros bisous consolateurs (s’ils le peuvent)

  • Laurence de L

    J’ai cru pendant un instant que vous étiez repartis ! C’est top d’avoir la fin de l’histoire, enfin de cette histoire.
    Je n’avais pas réalisé l’importance du bateau pour réaliser une telle aventure : avant, pour se préparer, et bien sûr pendant.
    Il va vous manquer et à nous aussi :).
    En ce qui vous concerne, à très vite… à Paris ou à Minorque où nous venons d’arriver. Si vous voulez passer ! Bises

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