Algérie… c’est fini…
07/10 – Bou Zadjar – Ghazaouet
Comme d’habitude, impossible de partir sans passer par le « Poste Contrôle » (la P.A.F.). Comme d’habitude, il ne se passe rien, mais on attend. Et puis enfin, feu vert, nous pouvons partir.
Direction Ghazaouet, l’ancienne « Nemours », à 40 MN de là.
Absence de vent. La navigation se fera au moteur par une houle qui met à mal l’estomac des filles… Léonie maîtrise maintenant parfaitement le vomi dans la cuvette. A peine fini elle conclut par « j’ai faim!! Bein oui, j’ai le ventre vide maintenant! ». Vive les enfants.
Bon le port de Ghazaouet n’a rien du joli petit port de pêche breton… il s’agit de nouveau d’un port de commerce poussiéreux et odorant mais l’accueil est très sympathique.
Les gardes-côtes sont très aimables. Je discute longuement avec la garde-côte de service, une femme d’une beauté à couper le souffle qui m’explique qu’elle préfère rester célibataire plutôt que d’être mal accompagnée, malgré son âge avancé de … 26 ans! Je crois lui avoir redonné espoir quand je lui ai dit avoir rencontré mon mari à 33 ans et enfanté pour la première fois à 36 !
Avec l’autorisation des gardes-côtes, nous allons à la station service. Une bonne dizaine de personnes nous aide à nous amarrer et nous accueille chaleureusement. L’un d’eux m’interpelle en me disant « vous venez bien de Ténès et avant vous étiez à Ibiza, n’est-ce pas?! ». Ce jeune garçon nous a retracé tout notre parcours sur l’appli MarineTrafic. La technologie ne connaît pas de frontière !
10mn plus tard nous repartons, réservoir vide car l’autorisation des gardes-côtes ne suffisaient pas, il nous faut également une autorisation écrite de la douane avec le montant de gasoil qu’ils acceptent de nous allouer. Bureaucratie quand tu nous tiens… bein tu nous tiens…
Bien amarrés entre une vedette militaire et le bateau des gardes-côtes (« en sécurité mon frère ! »), nous partons dîner dans une pizzeria que le responsable de la capitainerie nous recommande. La pizzeria se révèle être un mauvais fast food surchauffé (nous sommes cantonnés à l’étage, là où vont les familles) qui fait aussi bien des pizzas, burgers, chawarma, mais ce n’est pas là la vraie surprise de la soirée… Au moment de partir nous arrivons à la caisse et le patron de l’endroit nous donne la facture en nous disant « c’est déjà payé ! ». Un militaire en civil qui attendait à la sortie nous explique alors, dans un français approximatif, qu’il nous a cherché dans tous les restaurants du port pour nous inviter et nous raccompagner jusqu’au quai. Nous n’avons jamais vraiment compris si c’était de son propre chef ou à l’initiative du pacha de la vedette militaire qui, dès notre retour au bateau, fait convier Eric à bord de son navire. Il y passera une bonne heure avec le jeune capitaine de 32 ans, non sans avoir attendu qu’il termine sa prière (pas Eric, le pacha).
Le lendemain, après une nuit très paisible, Eric part pour faire les formalités de sortie du territoire et les dernières courses en Algérie, avec sa bicyclette pliable. 2h00 plus tard il n’est toujours pas de retour… même pour les formalités algériennes, ça commence à faire long. Heureusement, je ne resterai pas seule longtemps puisque deux responsables de la capitainerie viennent me rendre visite sur Moutik… Après avoir demandé à voir mes passeports, l’un d’eux m’avoue, dans un français parfait, qu’ils aimeraient surtout pouvoir visiter le bateau. Ils sont très aimables. Échaudée par les nombreuses paires de chaussures boueuses qui ont foulées le sol de mon chez-moi, j’avais pris la peine de disposer ostensiblement toute notre petite collection de chaussures à l’entrée du bateau. Et ô joie, ils comprennent le message et prennent la peine de se déchausser avant d’entrer. Ils aiment vraiment les beaux bateaux et leur curiosité n’a rien de malsain. 3 selfies et 2 portraits plus tard, ils quittent le bateau.
Eric, de son côté, avait en fait été invité à prendre le thé par le commissaire et a dû claquer la bise à tous les officiels du port. Il revient finalement encadré de deux policiers qui viennent fouiller le bateau. Je vois à son regard qu’il est tendu. En fait lesdits policiers ont tenté de lui extorquer tout ce qu’ils pouvaient: ils ont commencé par lui demander de façon insistante leur offrir notre vélo pliable avec lequel Eric se déplaçait dans le port… Ils ne réalisent pas que c’était LE truc qu’ils ne pouvaient pas demander à Eric. Il faudrait lui passer sur le corps avant qu’il n’accepte ne serait-ce que de prêter son précieux Btwin pliable !
Mais nous ne resterons pas sur cette mauvaise impression.
Avant de quitter Ghazaouet, nous passons de nouveau à la station-service, armés cette fois-ci de la précieuse autorisation douanière nous allouant 100 litres maximum (on avait adroitement demandé entre 100 et 150). Et là re-belotte, quand nous cherchons à régler la facture, le propriétaire de la station-service nous annonce qu’il nous offre le plein. « Pour nous excuser du dérangement d’hier »! Nous repartons donc avec les quelques dinars algériens que nous avions précieusement gardés pour le plein d’essence. Ça servira pour le Monopoly.
C’est donc sur cet élan de générosité et de gentillesse que nous quittons l’Algérie. Décidément, ce peuple mérite d’être connu.
2 commentaires
Ktou
La conclusion laisse songeur: c’est vrai, l’Algérie mérite le détour pour se rendre compte de sa complexité: gentillesse, générosité mais bureaucratie et avidité. Des contradictions. Mais pas si mal, en fait?
Claudine
Donc, en conclusion, et avec un peu de recul, est-ce que l’Algérie valait les aller-retours, la persévérance et la patience au consulat de Montpellier ?