Saint Kitts (sans Nevis)
Barbuda… on y resterait bien un peu plus. C’est d’ailleurs vraiment une envie de navigateur, car là, ça n’est pas tant l’île (l’intérieur) qui nous attire (il n’y a pas grand chose, pas grand monde), c’est cette plage rose magnifique, ces fonds pleins de vie, de langoustes, de requins, …
Mais nos amis de Maracuja veulent continuer à progresser vers le Nord, car après ils redescendront en Martinique pour entamer la transatlantique retour. Alors il faut y aller si on veut rester un peu ensemble.
Nous quittons Barbuda le matin, après un rapide petit-déjeuner, en négociant le passage des hauts fonds jusqu’à la haute mer.
La navigation est plutôt agréable : la mer calme au début, parce que protégée de l’île, devient rapidement bien formée, mais le vent et la houle nous poussent dans la bonne direction. Comme d’habitude, nous partons bien derrière… et nous arrivons bien devant !
Moutik va vite, et c’est bon ! Dédé-le-code-D est de sortie, Lolote-la-pilote aussi.
Au début, on vise un horizon limpide et vierge de toute terre. Puis on commence à hésiter entre des nuages loin sur l’horizon et le contour d’un cône volcanique. Et Saint Christophe (St. Kitts de son petit nom) apparaît alors sur l’horizon : l’île s’étale de toute sa longueur, basse par endroit, avec un magnifique volcan vers le Nord. Ça change d’Antigua (collines) et Barbuda (plate).
Peu avant d’arriver à proximité des côtes, nous croisons d’étranges pêcheurs dans une barque trop légère pour être aussi loin des côtes… et peu après de curieux ballots qui flottent… c’est peut-être un fantasme, mais on est ici dans des zones qui servent souvent de point relais aux trafics venus d’Amérique du Sud. Ne traînons pas !
On arrive par le Sud de St. Kitts et on se faufile dans le chenal entre St. Kitts et Nevis, sa petite sœur. Au milieu du passage, il y a de mauvais rochers qui affleurent. Je me fie scrupuleusement aux alignements recommandés et le GPS nous positionne fidèlement pour terminer de nous rassurer.
Puis on tourne à gauche, vers le Nord, et nous nous retrouvons vent de travers, sous le vent de l’île. La mer devient lisse, c’est comme si on remettait un fagot dans la chaudière, Moutik bondit en avant et laisse derrière lui tous les voiliers qui, beaux joueurs, lèvent le pouce en signe de félicitation et de renoncement à concourir. Quel pied…
Nous lâchons l’ancre à White House Bay. L’endroit n’est pas grandiose, mais il est calme et il y a de la place. En plus, il semble y avoir un bar à terre : nous pourrons bien y faire un saut… même si nous n’avons pas encore passé la douane et l’immigration (nous ferons ça demain, à la capitale, quelques miles plus au Nord).
Maracuja nous rejoint et partage le même souhait : une bonne bière au bar pour regarder le coucher de soleil.
On débarque. En fait, le bar est plutôt léché, sur un ponton surplombant l’eau limpide, avec des filets tendus au-dessus de l’eau… les filles adorent. C’est assez luxueux, à l’image du tourisme sur l’île. Ça se paye en USD !
Au diable l’avarice ! Une bière [la Caribe] pour les uns, une piña colada pour les autres, puis deux, … un hamburger (non, ne cherchez pas, y’a pas de blanquette de veau ici). L’orchestre arrive : deux types chantent et jouent des morceaux classiques ou récents, avec des instruments de steel band.
Nous finirons la soirée à pêcher, à la main, des poissons trompette depuis le « trampo » suspendu au-dessus de la plage du restaurant, pour le plus grand plaisir des filles, hilares.
Super soirée ! Les îles désertes, c’est bien… la fête aussi !
Basseterre
Le lendemain, nous remontons jusqu’à Basseterre, la capitale. L’île, comme bien des îles des Antilles, a une histoire… mouvementée ! Au pic de la tension, il y avait des anglais au Nord, des anglais au Sud… des français au centre… le tout sur une île grande comme l’île de Ré !!! On peut imaginer l’ambiance, les confrontations, les passeurs, le tout avec un trafic de bateaux (d’esclaves) plus intense que celui des plaisanciers aujourd’hui !
On entre au port (ça fait longtemps !). Personne ne répond à la VHF sur le canal pourtant annoncé à l’entrée du port. De toute façon, le port est tout petit… et à part le poste à essence, il n’y a pas de place.
Un type nous fait signe : on peut s’installer là ! On dit que le bateau est grand, qu’il restera de la place sur à peine quelques mètres pour les bateaux assoiffés… pas grave dit-il. Bon…
Maracuja arrive. On prend l’initiative de le mettre à couple de Moutik. De toute façon il n’y a guère d’autre place. Les enfants sont aux anges : on passe d’un bateau à l’autre en faisant juste un peu d’escalade.
Et puis c’est le rituel du plaisancier dans ces îles-états : la clearance. Petit rappel. On doit hisser le pavillon « Q » (Quarantine), un petit drapeau tout jaune, qui dit qu’on n’a pas encore fait les formalités. Personne ne peut débarquer, sauf, lorsque les autorités ne viennent pas à nous, le capitaine. On doit d’abord se présenter au service des douanes, pour déclarer l’entrée du navire dans les eaux du pays, détailler l’équipage, les passagers, les matières sensibles transportées, … Puis on passe à l’immigration, encore un formulaire, présentation des passeports, tampons, etc. Et ça continue : le port, pour payer encore un truc. La capitainerie, pour s’acquitter de la place au quai. Et éventuellement le parc marin, pour le permis de naviguer… quand « tout se passe bien »… ça coûte un bras… soyons clair : c’est un vrai budget. De la France (pas parce qu’on est français d’ailleurs) où ça ne coûte rien ou 5 € (pour l’impression du formulaire), aux îles les plus chères où la semaine peut revenir à plusieurs centaines d’Euros.
Ici, la « clearance » prend une teinte toute particulière… Le bureau de l’immigration se situe dans le port voisin, qui accueille les méga-bateaux de croisière. Pour s’y rendre on est obliger de traverser le « Disney Land » dans lequel débarquent les croisiéristes. Le temple de l’inutile, du mauvais goût, de l’hors de prix. Des bijouteries partout (il faudra m’expliquer qui se paye une croisière pour se rendre dans une bijouterie au bout du monde, tenue par un indien (d’Inde)), des vendeurs de t-shirts à 50 €, avec l’inscription « I was in St. Kitts » [what the fuck !]. Et des fast-foods (parce que quoi ? on ne mange pas dans les bateaux de croisières ?? je crois que si, y’a même des buffets partout, de multiples restaurants, de la langouste de Cuba, …). Beurk !
Bon, heureusement, à part les indiens de Disney Land, il y a des vrais gens à St. Kitts, et les vrais gens ont besoin de manger. Donc il y a des petites supérettes et un marché. Nous faisons quelques courses pour nourrir les marins. Mais les coulisses de Disney ne sont pas très beaux à voir. De nombreuses personnes errent dans les rues avec les yeux dilatés et de nombreuses dents en moins, les gens ne sont pas sympathiques, les rues (et les plages) sont jonchés de déchets, les habitations ne sont pas bien entretenues … Le contraste avec le quai d’accueil des bateaux de croisière nous laisse un arrière-goût un peu amère.
Brimstone Hill Fortress
Pour le lendemain, je me suis creusé : que faire à St. Kitts? J’ai évité le « train touristique » qui longe la côte au vent (très très touristique, bref pour les croisiéristes, beurk !).
J’ai sélectionné : la Brimstone Hill Fortress, une magnifique forteresse anglaise, bien conservée, patrimoine mondial de l’UNESCO, et puis (pour demain) le Romney Manor, une ancienne distillerie, un jardin et la maison de l’ancienne exploitation (l’île était jadis recouverte de canne à sucre… mais c’était avant).
On se rend à la gare routière et pour quelques dollars, le chauffeur nous dépose devant la route qui mène à la forteresse. Elle se mérite… car la route monte, monte, monte… et il fait chaud, chaud, chaud. Les petites (celles de Moutik, comme celles de Maracuja) sont courageuses : on finit par arriver.
La forteresse est un ensemble de bâtiments souvent assez bien conservés, qui hébergeaient officiers, sous-officiers, réserve de munitions, hôpital, … Elle est perchée sur une colline qui domine la mer : la vue est imprenable sur 180°, du Nord au Sud. Les canons sont braqués sur l’horizon. Des âmes doivent s’en souvenir… Le site en lui-même est intéressant mais pas du tout mis en valeur. Les rares explications et les mises en scène sont comiques tellement elles sont nulles et vieillottes. Quand on lit les commentaires de nos amis américains sur Trip Advisor, on a l’impression que l’on va visiter les Châteaux de la Loire et que l’expérience sera « awesome »! Bon ne nous emballons pas, ça restera un bon souvenir mais pas une étape incontournable.
Romney Manor
Le lendemain pareil : bus (trajet un peu moins long), marche à pied (un peu moins longue). Mais le jardin botanique promis est bien peu étendu… et la belle villa d’époque héberge désormais une fabrique de « Batiks », des tissus peints à la main. Certaines pièces (des paréos, des chemises, …) sont vraiment chouettes… mais les prix sont absolument délirants : les maudits-croisiéristes sont partout. Beurk et re-beurk !
On termine tout de même par une petite pause au « Jungle Bar », situé dans les jardins et qui surplombe la végétation dense des flancs du volcan. Un « Pain Killer », cocktail star des Antilles anglaises (rhum, jus d’orange, lait de coco, noix muscade), nous remet d’aplomb avant de retrouver la piste qui nous ramène jusqu’à la route périphérique et le bus pour retrouver nos bateaux.
Arrivée des MnMs
Un autre bateau-copains, des belge aussi, « MnMs » (Marion & Mathieu et leurs 3 enfants) nous avait quittés vers Saint Barthélémy, lorsque nous rejoignions Saint Martin : ils devaient prendre livraison d’un colis envoyé chez une amie, … Leur colis est arrivé pendant que nous étions à Antigua, puis Barbuda et ils ont tracé vers Montserrat (une île au volcanisme récent : la moitié de l’île est désormais en zone interdite et partiellement recouverte de cendre, jusqu’à près de 3 m de haut).
Or, MnMs a tracé : les voici qui nous rejoignent à St. Kitts. Nous les accueillons au port et ils viennent occuper la position à couple de Maracuja : nous sommes désormais 3 bateaux sur le même emplacement le long du quai.
Départ pour Statia
L’escale de Saint Kitts nous a permis de refaire un petit plein de vivres… mais l’île n’a pas grand chose à offrir : nous filons donc un peu plus au Nord, vers Saint Eustache, « Statia » pour les intimes.
C’est une navigation courte (une heure et demi environ), en longeant d’abord le Nord de St. Kitts, puis en franchissant le chenal plus agité entre les deux îles.
3 commentaires
Ktou
Je n’ai pas compté les « beurk », mais il y en a vraiment beaucoup.
A part la vue quand on approche de l’île et le bar, rien ne semble très excitant.
C’est donc indépendant depuis 1983. En fait, ça semble très américano-british… Beurk!
Mais bon, les 4 filles semblent heureuses, c’est l’essentiel!
agathe
J’arrive plus à suivre, y a une production soudaine de messages……
jacqueline Droalen
le tourisme de masse où qu’il soit beurk beurk beurk
j’adore ma petite bretonne blanche et son « grand » pruneau
et je croquerais les petites bretonnes (eh! oui elles sont plus blanches que pruneaux )