Les navigations

Saint Martin, comme à la maison

Après une petite baignade dans les eaux transparentes de l’île Fourchue, nous reprenons la mer direction St Martin où Mapie et Domi nous attendent pour le déjeuner.

En arrivant à Cul-de-Sac, nous empruntons la passe entre l’îlet Pinel et Petite Clef. Leur bateau étant encore au chantier, Domi nous a proposé de prendre son corps-mort qui est juste devant Petite Clef. Pour les prises de coffre, c’est moi qui tiens la barre. Je profite des bras sur-dimensionnés d’Eric pour le faire jongler avec la gaffe à l’avant. Habituellement je suis parfaitement détendue dans ce genre de manœuvre, mais là… le profondimètre met mes nerfs à rude épreuve… De 2,5m à l’entrée de la passe, nous passons rapidement à 1m puis 0,8… 0,7… 0,5 … 0,2 … 0,0000000……….. -0,2 m………………… -0,5……………….-0.8 !!!!! punaise, mes fessiers sont en feu!

Alors -0,8m ça peut paraître étonnant, mais il y a une explication: le pied de pilote… Le profondimètre est en fait réglé pour nous garantir une marge de sécurité de 1m sous la coque. Par ailleurs, il est lui-même installé à environ 50cm sous la coque. Donc quand le profondimètre affiche -0.8m, il nous reste encore 70cm sous la coque. Heureusement le lagon est très protégé, l’eau est parfaitement lisse et le marnage (différence entre la marée haute et la marée basse) quasi nul. L’autre avantage c’est qu’à cette profondeur, Eric peut nettoyer la coque debout à côté du bateau et moi avec une bonne paire de compensées ce serait presque possible aussi.

Une fois que la bouée est prise, ce mouillage est juste idyllique. La baie est très jolie, l’eau hyper calme, les tortues sont partout autour de nous et nous ne sommes qu’à 200m de l’îlet Pinel et de notre restaurant préféré: Karibuni!

A gauche l’Îlet Pinel
Moutik, presque seul dans la baie de Cul de Sac
Îlet Pinel et les toiles de Karibuni

C’est là que nous retrouvons Mapie, Domi et leurs amis Georges et Christine pour un déjeuner copieux et joyeux. Y’a pas à dire, la gastronomie à la française a vraiment du bon…

Les filles sont aux anges. Non seulement elles ont retrouvé les iguanes de Pinel (qu’elles nourrissent de salade en les prenant sur leurs genoux… après avoir pris soin de demander à un copain de tenter l’exprience), mais elles ont surtout découvert LEUR plage; la micro étendue de sable sur Petite Clef. Elles y vont en kayak sous l’oeil bienveillant d’un de leur parent resté à bord de Moutik et avec la VHF portative en cas de besoin. Puis elles y restent plusieurs heures à jouer dans leur « maison » (pour laquelle elles ont inventé un système de chasse d’eau fort ingénieux à base d’un bidon de plastique éventré et d’un morceau de corde échoué… aaah l’art de l’upcycling!), à tirer à l’arc, à chercher des coquillage etc… Et régulièrement la VHF se met à chuchoter: « Papounouche Mamounouche pour Brugnon! Pouvez-vous nous apporter le goûter? ».

Bref nous prenons vite des petites habitudes dans ce superbe mouillage. D’autant que Mapie et Domi ont chaque soir un resto ou un apéro à nous proposer!! Nous profitons également de leur voiture pour faire une visite au Super U. Ô joie! Des rayons remplis de denrées de qualité, des marques que l’on identifie sans problème, des prix en euros certes supérieurs à ceux de métropole mais significativement plus raisonnables que dans la plupart des autres îles des caraïbes… Nous nous ravitaillons également en gaz dans une petite boutique totalement improbable et introuvable si on ne vous l’indique pas précisément. La caverne d’Ali Baba du gaz: des bouteilles de toutes les tailles et de toutes les formes. Ce genre de trouvailles c’est le petit bonheur simple de la vie de plaisancier au long cours.

Domi s’entraîne pour une course de 22km avec 1000m de dénivelé positif et négatif… qu’à cela ne tienne, entre deux Carib (bière locale), vétu d’un maillot de bain, d’un simple t-shirt en coton et de vieilles baskets toutes défoncées, Eric se laisse convaincre de participer à la course de repérage du parcours… Départ programmé à 6h du matin. A 5h30, Domi passe prendre Eric. Je ne le reverrai que 4h plus tard. Du haut de ces 50 ans bien entamés, le Moreau était tout fier d’avoir terminé la course sans lâcher le groupe de coureurs qui faisait le repérage. Je pense que je ne l’avais jamais vu aussi rouge. A peine arrivé sur le bateau, il s’est endormi sur le canapé du cockpit. Et pendant 3 jours mon capitaine a dû réapprendre à marcher. Domi lui s’est préservé et a sagement lâché l’affaire à mi-parcours. Mais l’honneur est sauf puisqu’il a réussi à finir la course le jour J et dans un temps plus qu’honorable!

Entre ces petits bonheurs de terriens et notre vie sociale intense (encore merci Mapie et Domi!), nous qui pensions rester 3-4 jours, nous sommes finalement restés 8 jours!

Du coup ça nous a permis de revoir une dernière fois nos amis de Maracuja qui entament leur re-descente vers la Martinique d’où ils partiront pour la transat retour. Ils se sont gentiment détournés pour venir déjeuner avec nous à Karibuni et profiter de la plage une heure ou deux avant de repartir. La plupart des bateaux-copains que nous avons rencontrés faisant la transat retour, ils sont sur un timing plus serré que le nôtre. Nous commençons donc à tous leur dire aurevoir les uns après les autres, mais pas sans se promettre de se revoir en France ou en Belgique.

Nous ne resterons pas longtemps seuls car, à peine les Maracuja étaient-ils partis que nous avons la surprise de voir débarquer nos amis d’Asap, un Outremer 4X qui est sorti du chantier juste après Moutik. Nous les avions rencontrés à La Grande Motte lors de notre semaine de formation et de régate en Mai dernier. Après une traversée de l’Atlantique très stressante (ils ont failli se retourner à plusieurs centaines de miles des côtes…), ils ont décidé d’abréger leur périple. Ils terminent donc leur voyage à St Martin. Les filles sont super contentes de retrouver Romain, le fils pré-ado de Valérie et Rodolphe. Fils unique, il est lui aussi heureux de jouer les grands frères et trimbale les filles en annexe toute la sainte journée. Pour nous ça veut dire quelques heures à deux!!!! Yipppee!!!

Nous avons beau avoir plus de temps devant nous que la moyenne de nos congénères, il nous faut tout de même continuer à progresser vers le Nord. Nous quittons donc Cul-de-Sac avec plein de souvenirs dans la tête pour retrouver Anguilla. Nous sommes curieux de voir comment cette île a évolué entre notre dernier passage il y a 2 ans, pre-Irma, et maintenant…

Anguilla post-Irma

Finalement ASAP nous emboîte le pas et c’est donc à deux bateaux que nous levons l’ancre. Mettez 2 capitaines d’Outremer sur le même plan d’eau et forcément ça tourne à la régate… Sur le premier bord, nous sommes au portant et nous avons sorti notre fidèle Dédé… nous volons sur l’eau et Asap peine à nous rattraper. En revanche sur le bord suivant, nous sommes au près serré et là, le carbone et l’immense génois d’Asap font la différence.

C’est donc côte à côte que nous arrivons à Road Bay, étape obligatoire pour faire la fameuse clearance d’entrée. La baie est très calme, la plage est belle. Les séquelles d’Irma sont plutôt moins visibles qu’ailleurs. Nous profitons du coucher de soleil en prenant un Painkiller (cocktail local) dans un des bars de plage puis nous rentrons sur Moutik manger … une tartiflette! Rodolphe et Valérie, originaires de la région grenobloise, apprécient à sa juste valeur notre dernier morceau de Reblochon.

Le lendemain nous partons pour Crocus Bay. Nous en gardions un très bon souvenir de notre passage en 2016. Il y a au fond de cette baie une micro-plage très jolie et un beau site de snorkeling. C’est là que les filles et leur grand-mère maternelle avaient fait leur première expérience de masque et tuba. Deux ans plus tard, la plage est toujours aussi belle, mais elle est envahie de touristes déposés par des day-boats qui multiplient les allers-retours. Quant au snorkeling nous l’avons trouvé décevant. Soit nous sommes devenus des enfants gâtés après tout ce que nous avons déjà vu ces derniers mois, soit Irma et les touristes ont dégradé les fonds et fait fuir la faune. Nous finissons la soirée dans un restaurant que nous avions déjà testé lors de notre précédente visite. Les prix sont en US$ et digne des resto new-yorkais, mais la nourriture est à la hauteur. Dîner d’adieu sympa avec l’équipage d’Asap que nous quittons définitivement le lendemain.

Cette fois-ci nous tirons vers l’Ouest direction les BVIs mais en chemin nous faisons une halte à Dog Island. En 2016, nous n’avions pas eu le temps d’aller jusqu’à ce petit îlot désert qu’Eric mourrait d’envie de voir. Nous ne serons pas déçus. L’eau est limpide, la plage de sable blanc rayonne sous le soleil et la végétation grouille de divers animaux… dont des serpents, qui auront raison des velléités exploratrices des filles ! A notre arrivée, il y avait 2 bateaux dans la baie… après notre balade sur l’îlot, nous sommes seuls… et nous comprenons rapidement pourquoi. La houle et le vent se sont levés, rendant le mouillage extrêmement rouleur. Mais il est tard et nous avons la flemme de lever l’ancre. Après tout, ce petit mouvement de va-et-vient va nous bercer et nous dormirons comme des bébés… Mais à peine couchés, nous avons l’impression d’être dans le tambour d’une machine à laver en mode essorage 1400 tours ! Ça bouge dans tous les sens. La décision est prise: nous tentons de dormir quelques heures et à 5h au plus tard nous lèverons l’ancre, direction Tortola (Îles Vierges Britanniques a.k.a. BVIs)

En fait nous avons été naïfs, nous aurions dû partir tout de suite car de toute façon nous n’avons pas vraiment pu fermer l’œil. C’est donc dans le noir que nous levons l’ancre, ravis de ne plus avoir à simplement subir les éléments mais de les affronter. Enfin…, la bataille sera de courte durée puisque 20 min. après notre départ le vent tombe à 7-8 nœuds. On se traîne. Les filles ne supportent pas bien la houle et Léonie fait son traditionnel vomito dérapé contrôlé. Puis commence la litanie « mamaaaaan, papaaaaaaa, on s’ennuiiiie ! On peut rien faire, ça bouge trop ! » C’est là que l’on se met à genoux pour remercier St Jamy, Grand Ordonnateur de « C’est pas sorcier » devant l’éternel (émission de vulgarisation scientifique à destination des enfants diffusée pendant 20 ans sur France 3, pour ceux qui ne connaissent pas). Vivement Tortola !

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6 commentaires

  • Delepau

    Sinon pour vous remettre dans le bain si je puis dire .
    Ligne 11 travaux prévu entre le 1 et le 4 mai .
    Pareil pour RER B et D . Il faut prendre le bus pour aller aux aéroports
    Samedi acte 23 . On a essayer de tout Peter mais on a pas réussit
    Anne la dinguo est toujours à la recherche de son trésor .. elle creuse creuse pour trouver le magot mais rien à faire..
    odeur toujours pestilencielle toujours à Châtelet ..
    envahissement des trottinettes ..
    Les cathédrales qui brûlent et des abrutis qui débattent sur les fonds de solidarité …
    ça fait plaisir de vous revoir bientôt !!

  • Agathe

    Ah! Enfin quelqu’un qui vit ma vie!!! Merci Hugues! Je vais qd meme faire le moderateur: depuis 3 jours c’est le printemps: 26 degres à Paris, les terrasses fleurissent, la lumière est belle et les jours rallongent. Si je suis parfaitement honnete je dois neanmoins preciser que les vacances de Paque ont commencé vendredi, mais des mardi un temps de gueux est annoncé, et ce, où qu’on aille: limite pluie/neige à 2000 pour Val, vent et nuage dans le sud-est, pluie dans le centre, pluie partout…. sauf dans le Nord mais qui irait y passer des vacances?! Cette derniere aventure fait bien rever et je kiffe la plage des filles… profitez!!!! Biz,

  • Laurence de Lav

    Salut les amis, Guigui est en train de lire le livre de Jamy. Il a l’air génial (le livre, et Jamy, pas mon Guigui. Ça on le sait déjà).
    Ça a l’air bien cool ces petits rituels : plage, cocktail, copains. J’adore l’idée que vous retrouvez à chaque fois des bateaux copains par hasard. Cela me semble incroyable vu le nombre d’îles).
    J’ai beaucoup aimé imaginer les courbatures d’Eric et sa difficulté a marcher pendant quelques jours !!!
    De notre côté, on profite du soleil en Picardie (et oui le Nord, Agathe!), puis direction Minorque (normalement sous le soleil alors qu’il y pleut actuellement). Et ensuite une semaine de trekking au Maroc entre girls !! (Ascension du M’Goun, 4000 m). Bises !

  • le K

    Là je rejoins Agathe: une fois la stupeur de l’incendie de Notre-Dame passée, on nage en plein bonheur:
    Il fait aux environs de 25°C – les gens sont souriants – la glycine, les roses, les iris sont en fleurs et répandent une odeur merveilleuse. D’ailleurs Altaïr passe ses journées dans la glycine: on la soupçonne de se shooter au parfum. Il suffit d’éviter la radio et la télé (polémique pour le financement de N-D, suicides en masse (28 depuis janvier) des policiers, gilets jaunes toujours présents, attentats au Sri Lanka pendant la messe de Pâques (138 morts, >400 blessés). Donc on reste sourd et aveugle et on est heureux. On pourrait se croire aux Antilles… quoique, dans mon souvenir, les fleurs y sentent moins bon qu’en métropole. Ah mais!

  • kino

    je me souviens aussi, près de la petite île dernière étape avant Dog Island tant rêvée, du coup de vent vécu sur une annexe venue nous récupérer , nous les 4 filles et petites petites filles sur une plage déserte et pentue , Brune tenant le bout à l’avant et hurlant de joie, Léonie peu rassurée blottie dans les bras de sa mère regardant comme moi les vagues nous éclaboussant et la nuit tombant très rapidement, Eric visant la passe et espérant ramener sa petite famille avant une panne d’essence car le moteur se battait contre vent et vagues … Bon souvenir avec le temps …
    Les coups de vent seront toujours sources d’histoires à raconter… cela nous distrait de l’actualité française!!!

  • GERARD FITOUSSI

    En vous lisant, je réalise l’immense différence qu’il y a à aborder St Martin (où je suis allé naviguer à plusieurs reprises) comme vous le faites , plutôt que comme j’avais pu le faire à l’occasion de vacances d’une dizaine de jours. Quel plaisir de pouvoir laisser le temps filer et de profiter de chaque endroit à son rythme. Tchin ! Buvez un Painkiller au Soggy Dollar Bar (sur Jost Van Dyke) à la santé de ceux qui profitent tout de même du printemps en métropole.

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