Les navigations

Cap Vert : île de Santo Antão

26/11 – Jour 1

Après quelques jours de repos, d’apéros, de restaurants, … nous quittons ce matin la marina de Mindelo, pour quelques jours d’excursion sur l’île de Santo Antão. Nous y allons en ferry car l’île n’offre pas de mouillage abrité et les courants/vents entre Sao Vincente et Santo Antao peuvent être traitres.

Tôt, nous allons donc à la gare maritime. La salle d’attente n’est pas bondée.

Nous embarquons dans un ferry propre… mais hors d’âge. Il était jadis hollandais, en atteste les panneaux indicateurs dans les coursives.

Depuis le ferry, Mindelo et les mâts de la marina
Les « petites » retrouvent « Mamie Kino »

Dehors, la mer est rouleuse. Le personnel distribue des sac-à-vomi, … les cap-verdiens sont îliens, mais ils ne sont pas tous insensibles au mal de mer !

La traversée dure 45 minutes environ.

La gare maritime de Porto Novo est plutôt moderne et immense. Bien au-delà de la capacité des deux ferrys qui font les liaisons. Un escalier mécanique permet d’acheminer les passagers du quai jusqu’à la route située une vingtaine de mètres plus haut.

A peine « à la surface », ce sont des nuées de conducteurs/guides/accompagnateurs qui brandissent des panneaux et tentent la séduction dans toutes les langues (dont le français).

Nous nous excusons : un véhicule nous attend déjà. Nous le trouvons. C’est un aluger, comme les autres, sauf qu’il sait déjà où l’on va. Donc on attend… parce qu’il n’est pas complet.

Et l’on part enfin.

Santo Antao est l’une des plus grandes îles. C’est une sorte d’épine dorsale : de tout côté, la pente monte vers le centre de l’île, qui s’élève jusque vers 2000m au plus haut.

Pour ce que l’on voit (pour le moment), l’île est grise et sèche, comme les autres.

Le mini-bus s’engage sur une route qui monte en lacet. La route est entièrement pavée. C’est un travail très soigné, exécuté initialement par les portugais.

Végétation sèche et routes pavées

Alors que l’altitude progresse, la crête se rapproche. On distingue assez clairement… une forêt de pins ! Et oui, la route pénètre dans une forêt de conifères, dense et ombragée. C’est assez surprenant dans ces îles habituellement si sèches.

Puis nous atteignons le sommet et évoluons de plateaux en plateaux. Le mini-bus fait un court arrêt et le chauffeur nous invite à sortir « pour regarder ». La route passe sur les bords d’un immense cratère : quelques centaines de mètres plus bas, au fond du volcan, c’est un damier dense de culture : tout est vert !!! L’eau captée des nuages se concentre au fond du cratère et tout y pousse…

Quelques Km plus loin, le chauffeur nous annonce que nous sommes arrivés à destination : Casa Espongeiro. C’est une grande maison à la décoration originale ; au-dessus, une grande terrasse domine les champs de maïs, bananiers, et autres cultures.

Vue depuis la Casa Espangeiro

Notre hôte est français. C’est un cultivateur, qui suite à un revers amoureux a tout plaqué et s’est retrouvé ici. Puis il a soldé ce qu’il détenait en France et a acheté un bout de terre ici. Il cultive plein de chose. Il est en couple avec une cap-verdienne. Il fait tourner sa maison d’hôte. Il est touchant de voir qu’il a trouvé ici son coin de paradis.

Apéro (Groghe = rhum), diner dé-li-cieux, plein de légumes, de la chèvre, un dessert, … digestif (Ponche = rhum arrangé, gingembre pour moi). Les filles finissent dans la cuisine privée de nos hôtes, en compagnie de leur deux enfants, à manger du maïs grillé au feu de bois. Une jolie rencontre pour elles aussi.

La chambre des filles et de Kino est confortable; la nôtre (la chambre « eco » à éviter mais c’était la seule disponible), un peu sommaire. Pour autant, les lits étaient corrects (et propres) et nous avons bien dormi.

27/11 – Jour 2

Au matin, il fait beau : le soleil réchauffe vite l’air… hier soir il faisait franchement frais à cette altitude.

Bon petit déjeuner.

L’agriculteur nous recommande un chemin pour poursuivre notre excursion : plutôt que de suivre la route, il nous oriente vers un chemin qui va la suivre et la couper à plusieurs reprises pour rejoindre Corda, un village où nous devrions trouver des transports. C’est parti pour une petite randonnée d’environ 2h.

Panorama du haut de Santo Antão
Cultures en terrasses

Le chemin s’enfonce sur le plateau, franchi un crête, puis apparaît un panorama immense : la côte Nord à l’horizon et des vallées profondes qui s’élancent vers la mer. Il y a des cultures en terrasses partout. Des petits murs, des chemins, des petites maisons par endroit, …

Nous entamons la descente. Le chemin est bon et il rejoint régulièrement la belle route pavée (pas un véhicule n’y passe).

La village de Corda approche. Ce sont à peine quelques dizaines de maisons. Nous nous asseyons à l’ombre d’un grand manguier le temps de dévorer notre picnic.

A la sortie du village, un couple de hollandais a installé un petit restaurant joliment décoré : nous nous arrêtons pour un dessert. La responsable nous recommande de continuer un peu à pied, car « à quelques kilomètres se trouve l’un des plus beaux points de vue du Cap Vert ».

Alors nous poursuivons. Cela fait maintenant près de 5h que nous marchons Kino et les petites commencent à peiner. Mais nous y arrivons… La route chemine sur une crête. C’est vertigineux : à gauche, comme à droite, ce sont des falaises qui se terminent au fond des vallées très cultivées.

Le paysage est exceptionnel. Simplement, l’idée que les portugais aient pu créer une telle route est remarquable.

Route pavée, creusée dans la roche
Falaise…
Vallée de Ribeira Grande
Vue sur le village de Corda

Finalement un véhicule approche. Nous lui faisons signe. Il accepte d’aller au-delà de sa destination : il nous descend jusqu’au bord de la mer, à Ribeira Grande, puis poursuit jusqu’à Punta do Sol, plus au Nord de l’île.

Nous avions réservé à la Kasa Tambla, un joli hôtel, tenu par un français (décidément, ils sont partout).

28/11 – Jour 3

Le patron de l’hôtel nous recommande une balade à pied : le chemin côtier qui nous mènera jusqu’à Fontainhas. Il nous réserve également un chauffeur: Micau, un local maîtrisant parfaitement le français, nous fera faire une visite de la région avant de nous déposer à Porto Novo pour le ferry de la soirée qui nous ramènera à Sao Vincente et sur Moutik.

Je pars à pieds avec Aurélie. Kino et les filles nous rejoindrons à Fontainhas avec le chauffeur. La promenade est superbe : le chemin s’élève à une vingtaine de mètres au-dessus de la mer. C’est encore une fois une route pavée.

En quittant Punta Do Sol
En approche de Fontainhas
Le village de Fontainhas

Fontainhas est un petit village noyé dans la végétation : les falaises doivent disposer de quelques points d’eau ; les habitants ont recouvert les parois de terrasses sur lesquelles sont cultivés maïs, papayes, arbres à pain, …

Le véhicule arrive, avec Kino et les petites : nous embarquons pour la suite du trajet : direction le village de Xoxo, puis la vallée de « Paul ».

Au fond de la vallée de Xoxo

La vallée n’est pas seulement verte : un torrent y coule. C’est l’eau captée par les sommets, concentrée au fond du cratère qui ressort en cascade et coule dans la vallée. La vallée est cultivée partout… sauf sur la route. Des ignames dans les parties les plus humides (dans le torrent), puis les bananiers, les papayers, le maïs, …

En s’enfonçant dans la vallée, la pente devient plus abrupte. Le chauffeur nous dépose et nous indique un chemin qui s’enfonce dans la végétation. Cette fois Kino est de la partie. Les filles restent avec micau qui leur fait un petit cours sur la flore locale.

Nous progressons sur les terrasses, au milieu des caféiers, puis après 45mn de marche, nous atteignons un restaurant « Villa Maracuja ». Le panorama est somptueux… et si vert. C’est reposant.

La propriétaire, qui parle 6 ou 7 langues dont le français, a vécu plusieurs années aux Pays-Bas. Elle est rentrée au pays pour créer son restaurant et cette nouvelle maison d’hôte. Mais aussi et surtout pour retrouver la « Morabeza », cette philosophie de vie si typique de Santo Antao nous dit-elle. C’est un peu le pendant heureux de la Saudade. Une façon de sourire à la vie et de l’accueillir de façon positive et décontractée, d’être ouverts aux autres, de prendre le temps de savourer tous les bons moments qui s’offrent à nous.

La canne à sucre en fleur
Eh oui, il y a vraiment des torrents au Cap Vert !
Du vert… partout !

Après un bon déjeuner, nous repartons : le véhicule revient vers la mer puis poursuit la route de la côte. La route pavée cède la place à une route bitumée et finalement nous parvenons à Porto Novo, juste à temps pour acheter des billets et revenir vers Mindelo.

Santo Antao est magnifique. Nous n’en avons vu qu’une petite partie. L’aperçu des randonnées est prometteur : on doit pouvoir y passer des jours d’émerveillement, de panorama, d’ombre dans les vallées, … une autre fois!

Nous retrouvons Sao Vincente, Mindelo, la marina et Moutik qui nous attendait sagement.

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3 commentaires

  • GERARD FITOUSSI

    Quelle constance ! Je mesure vraiment l’effort que constitue le fait de s’assoir pour rédiger, illustrer et poster ces récits captivants et tellement vivants. Partant du principe que ce qui est vraiment agréable en voile, c’est quand on est au mouillage et si possible avec un verre à la main ou en train de visiter, ça représente de ta part, Eric un vrai petit sacrifice. Donc d’autant plus merci de penser aux terriens qui ne voient pas encore clairement que les journées rallongent vu que c’est encore subtil et que de toutes manières ces épisodes de jour semblent vus du fond d’un aquarium un peu douteux !
    Alors tu parles si ces fenêtre vertes et luxuriantes nous font du bien !!!

  • Agathe

    Wahou, c’est juste sublimissime! Je ne gardais pas un souvenir si vert du Cap … Vert. Vos photos sont dignes et même plus belles que celles parues dans le Géo de ce mois qui consacre un bel article au Cap Vert.
    Et c’est super d’avoir pu redevenir terriens pour explorer ainsi.
    Biz…. on attend le prochain numéro!!

  • Droalen Jacqueline

    Merci de m’avoir permis de découvrir votre vie à bord de Moutik
    de partager votre escapade , sac au dos ,à Santo Antao et ses paysages grandioses
    les câlins des filles, les échanges et rires avec les  » bateaux amis « … Ma tête est pleine de ces bons souvenirs
    MERCI

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