Les navigations

Antigua-Barbuda, retour chez les anglais

Quel bateau !!!

Bon… j’ai déjà dû le dire, mais je peux le redire, puisque c’est sincère et tellement souvent vrai : ce bateau est top ! Et je ne reçois rien du chantier pour tenir ce discours.

  • Il est beau, avec des lignes modernes, de grandes fenêtres, haut sur l’eau, racé, … la classe quoi !
  • Il est confortable : pile comme il nous le fallait, pas trop grand, pas trop petit, bien « cosy », … et avec les suppléments ô combien appréciables du genre déssalinisateur, machine à laver le linge, 220V en permanence, …
  • Il est fiable : depuis le début (et en comparaison de divers bateaux-copains) on n’a eu que très peu de problèmes et que des soucis mineurs : aucun problème de structure ou de gréement par exemple, pas d’attaque de corrosion prématurée, ni de regret sur une option oubliée. Pourtant, en faisant le choix d’un bateau neuf, des oiseaux de mauvais augures nous annonçaient des pannes effroyables (…).
  • Il est rapide : depuis que nous voguons en flottille avec les bateaux copains, la règle est simple : on part presque toujours après tout le monde, on arrive systématiquement avant tout le monde. Et dans un confort et une sérénité totale !

Je l’aime, je m’y sens bien, c’est presque une partie de moi maintenant…

[Aurélie: punaise, je ne l’ai jamais connu aussi affable… ah y’a pas à dire, la mer ça transforme un homme !]

Là, nous quittons Deshaies bien après Maracuja, mais avant Pouplier qui termine l’école.

La mer est forte : l’alizé est soutenu et nous faisons route plein Nord, donc le vent nous arrive de travers et avec la vitesse du bateau, le « vent apparent » n’en est que plus fort. En plus, il y a une belle houle qui nous arrive de travers.

C’est probablement l’habitude du cavalier avec sa monture : j’ai totalement confiance. Moutik avale la mer, passe de vague en vague, sort le nez de l’eau. Mais quel pied ! Moutik mange tous les bateaux : de visu, où nous dépassons voilier après voilier, dont Maracuja; à l’AIS, où ceux qui pointent le nez à distance affichent toujours des vitesses inférieures et ne nous dépassent jamais.

Ne vous y trompez pas : ça n’est pas juste la primitive satisfaction du conducteur de Ferrari qui dépasse une voiture moins prestigieuse… c’est aussi le côté rassurant de se dire que lorsque les conditions sont musclées, le bateau souffre moins et l’équipage moins longtemps ! Autrement-dit : se baigne plus tard et on se re-baignera plus tôt, le tout avec le sourire.

En arrivant à proximité d’Antigua, il y a une agitation inhabituelle : des dizaines de bateaux aux voiles noires (noires = voiles techniques, tissées de carbone et/ou kevlar…). Ils s’entraînent pour la « Caribbean 600 », une course au large : 600 MN entre les îles des Antilles. Les plus grand sont là : « Argo » et « Maserati », deux trimarans aux performances hors norme. L’un deux passe à quelques longueurs derrière nous pendant que nous baissons la grand voile. Sous l’abri de l’île, il y a peu de vent… pourtant il trace déjà à pas loin de 20 kts !

Le « Multi 70 » Maserati-Aon

Nous visons « English Harbour » et précisément « Freeman Bay », la plus petite baie qui jouxte le port. Nous jetons l’ancre parmi quelques voiliers et je me mets en route pour les formalités, après avoir hissé le pavillon « Q » (jaune), celui qui indique que le bateau n’a pas encore passé la douane et l’équipage l’immigration.

J’y étais déjà passé il y a plus de dix ans, pour la « Antigua Sailing Week » et je retrouve le charme, un peu artificiel, mais bien anglais, de ce port : vieux bâtiments de garnison, bien réhabilités, hébergeant tantôt un pub, tantôt un musée, …

La clearance s’annonçait plutôt rapide : le site « eSeaClear.com » permet de pré-remplir les formulaires habituellement faits au stylo, en plusieurs exemplaires, avec les caractéristiques du navire, celles de l’équipage, … Et ça commence bien : en arrivant, on annonce juste le nom du bateau et l’officier imprime 4 ou 5 exemplaires du formulaire, qu’il suffit de signer. Ouais, mais là s’arrête la modernité : les exemplaires font le tour de quinze bureaux, le capitaine passe de guichet en guichet, les tampons crépitent, le portefeuille s’ouvre (une clearance, c’est rarement gratuit, les îles font preuve d’imagination pour facturer les frais administratifs, le « cruising permit », les « marine park fees », les « mooring tax », etc.

Désolé chers Antiguoins (on dit comme ça ?), ou chers Anglais (car avec un peu de chance, le responsable de tout cet administratif est un anglais) : vous ne battrez jamais le système en vigueur sur les Antilles Française : un ordinateur chez un commerçant, à la capitainerie ou dans une antenne de police ; on saisi soit-même ; le préposé (un commerçant, un fonctionnaire, un policier) vérifie rapidement et tamponne l’unique exemplaire que conserve le capitaine : bienvenu en France !

Clearance faite et dans l’objectif de parfaitement respecter l’étiquette, je pars en chasse du pavillon national local. Le shipchandler me semble le meilleur endroit. Fermé le samedi ! On m’oriente vers… le musée… oui, ils ont des drapeaux, genre 1m x 2m… certes j’éprouve un grand respect pour le territoire d’Antigua et Barbuda… mais pas au point de les honorer d’un pavillon plus grand que celui de ma propre nation [Aurélie: ou de mon Gwenn-ha-Du] ! Alors je file vers le chantier, à proximité de mon annexe. Je demande au grutier qui attend qu’une immense vedette s’avance sur le « lift ». Il a peut-être une idée et hèle un collègue. Il s’absente et revient avec un magnifique pavillon d’Antigua, tout neuf.

– Euh, but how much do you want for the flag ?

– Well, nothing, just don’t step on it man, take good care of my flag !

Bel accueil d’Antigua… finalement comme partout ou presque : ici on aime les navigateurs, ils représentent, juste avant ou peu après l’hôtellerie (mais bien après le paradis fiscal…), la première source de revenus des îles.

Plongée, quand tu nous tiens !

Depuis la Guadeloupe, Pouplier, Maracuja et nous sommes en mode plongée ! Depuis le début du voyage, je n’ai guère fait que des « plongées utiles », sous le bateau… mais depuis la Réserve Cousteau en Guadeloupe, nous sommes mordus !

Juste devant Freeman Bay figure un site de plongée les « Piliers d’Hercule », recommandé par l’application « Wannadive » (pratique, je recommande, bien qu’il y ait finalement assez peu de commentaires : seuls les emplacements des plongées semblent bien indiqués). Nous y filons le lendemain matin de notre arrivée : Nicolas et Constance de Pouplier, Aurélie et moi pour Moutik. C’est à 2 minutes en annexe et une petite bouée marque le site.

L’endroit n’était guère prometteur, juste à l’entrée du port et avec un fort ressac et pas mal de courant. Mais finalement, une magnifique tortue et une très belle raie léopard (et 1001 autres poissons multicolores) nous offriront un spectacle sublime.

Le vol de la tortue…
…et celui de la raie léopard

Pour le reste de la journée : une balade à pied, à trois familles, jusqu’à Shirley Heights, une colline et un vieux fort anglais qui domine la baie où nous mouillons. Comme lors de mon passage il y a de nombreuses années, il y a des cocktails, de la bière, un BBQ et un orchestre de « steel band » qui joue des classiques.

La vue depuis Shirley Heights, Moutik est en bas… et derrière English Harbour

La route était longue, les Rhum Punchs un peu serrés : on négocie donc un taxi collectif pour redescendre tout le monde (14 personnes) jusqu’aux annexes.

Les marins ne tiennent pas en place ?

Il y a quelques mois (cela me semble tellement loin…), juste avant de quitter La Grande Motte pour le grand voyage, nous avions pu croiser et dîner avec un couple qui rentrait à peine d’un an de navigation sur un Outremer 51 (la taille au-dessus du notre). Un propos avait retenu notre attention : « on est rarement resté 2 jours au même endroit« . Et on s’était dit qu’ils étaient fous : « Si c’est bien, pourquoi ne pas y rester 1 semaine, ou plus ?« . Bein en fait, je ne crois pas que nous soyons restés plus de 3 ou 4 jours… sauf dans des cas bien précis : arrivée au Cap Vert depuis le Maroc, après plusieurs jours de mauvaise mer ; séjour à Mindelo avant la transat ; …

Donc là, nous quittons Freeman Bay après deux jours pour Deep Bay, presque tout au Nord d’Antigua.

Cette fois-ci, Pouplier est parti bien avant nous et nous ne les rattraperont pas (la navigation est courte).

Par contre nous rattrapons Maracuja et menons un bord à bord endiablé alors que le vent monte jusque vers 25 kts… superbes photos de part et d’autre !

Maracuja gîtant au près

Deep Bay est juste splendide : eau turquoise, peu de bateaux, dans une baie bien protégée. Il y a du vent, mais pas une ride sur l’eau. La baie est presque vierge d’habitations. Il y a juste un hôtel en cours de construction, mais c’est plutôt discret et cela nous laisse la magnifique plage à notre entière disposition !

Deep Bay, depuis le petit fort qui la domine
La plage et au-dessus, le petit fort

D’ici je file à Saint John, en vélo, pour quelques courses. J’ai été un peu optimiste sur la distance : d’abord il faut sortir de la plage par un mauvais chemin, puis traverser les faubourgs avant d’atteindre la capitale d’Antigua… bien tranquille en réalité. Un tour au marché, un forfait téléphonique, quelques poissons : ce soir, dîner sur Moutik pour tous les équipages !

Les enfants se baignent… jusqu’au coucher du soleil !

Toutes les bonnes choses ont une fin ?

Nous repoussions l’échéance… mais nos programmes divergent : les Pouplier ont un rendez-vous en République Dominicaine, mi-mars avec de la famille. Maintenant ils doivent rapidement faire route au Nord, St. Barth, St. Martin, les Îles Vierges, puis la Rép. Dom.

Il nous quittent et font (longue) route vers Saint Barthélémy.

On nous avait prévenu : les bateaux copains, c’est aussi agréable que les séparations sont dures. Alors une petite déclaration : les Poupliers, vous allez nous manquer, nos apéros, nos rigolades, nos partages si salvateurs de la difficultés de l’éducation scolaire de nos enfants, nos plongées, les rires de nos enfants (lorsqu’ils ne se disputaient pas). Bon vent, belles rencontres : nous nous reverrons dans quelques mois, dans la lumière terne de Paris. Bises !

Nous restons avec Maracuja… et je ne peux m’empêcher de penser que nous les perdrons aussi prochainement : ils ne remontent pas très loin vers le Nord, puisqu’ils entameront la transat-retour depuis la Martinique.

Mais n’y pensons plus ! Place aux plans ! Et à deux (bateaux) c’est plus simple. Alors voilà :

  • on a eu des échos de Barbuda de la part de nos amis Saint Martinois. Ce serait très sauvage, car ça l’a toujours été et que depuis Irma, peu de gens sont revenus. Donc nous allons y aller et faire des provisions pour cela ;
  • puis on veut plonger, donc on visera Saint Eustache (« Statia »), un petit caillou Hollandais, mais on passera avant par Saint Christophe (« St. Kitts ») car on doit pouvoir y faire quelques courses et des excursions.
  • mais pour commencer, comme Barbuda est très Nord et que l’on risque de faire du près serré, on va poursuivre notre tour d’Antigua pour aller au Nord-Est et améliorer ainsi notre angle au vent lors de la route Antigua-Barbuda (pas compris ? c’est pas grave, je vous le dit, ça a payé).

Donc le lendemain, nous quittons la jolie Deep Bay pour la rade de Saint John : pas vraiment faite pour les voiliers, mais plutôt pour les immenses bateaux de croisière qui vomissent leurs clients qui ont l’illusion de visiter le Monde. On a de la chance : pas de bateau aujourd’hui !

On mouille devant le marché et nous allons remplir nos paniers de concombres, papayes, bananes, oignons, … ainsi qu’un magnifique travers de porc dont on espère qu’il nous régalera lors d’un barbecue de plage…

On est presque à sec. Idéalement, il aurait fallu qu’on remplisse le réservoir de gasoil… mais ça devra attendre : il y a bien un semblant de pompe à Saint John, mais les pêcheur nous font signe qu’il n’y a pas la profondeur pour nous. Le sondeur leur donne raison. Demi-tour, on utilisera nos bidons de secours (2 x 20 l) ; ils datent du Cap Vert, il est plus que temps de les utiliser, avant que les bactéries se chargent de les coloniser !

Great Bird Island

Great Bird Island. On devine à peine les deux anses à gauche et à droite.
Maracuja, à la bouée juste à côté de nous

La remontée au vent se mérite. Après Saint John, la route s’oriente vers l’Est, nous avons le vent de face. Nous tirons des bords dans une eau turquoise qui fait rarement plus de 2 m. de profondeur, avec un chenal en principe creusé, qu’il est difficile de trouver en pratique.

Nous progressons avec prudence et on décide de rejoindre un îlot, Great Bird Island. Il y a quelques bouée d’amarrage posées par le parc marin. Une manœuvre adroite et nous sommes amarrés.

Avec Maracuja, nous sommes presque seuls. Nous serons d’ailleurs les seuls bateaux dans les jours qui vont suivre.

Great Bird Island nous protège bien du vent dominant et c’est tant mieux, parce que ces temps-ci ça souffle fort. La toute petit île présente deux jolies anses, avec chacune une magnifique plage. L’eau, cristalline, n’est pas profonde… un bonheur pour petits et grands.

Mais encore mieux : sous les arbres qui bordent la plage, ont été installés des barbecue, des tables de pic-nic, sans doute par les opérateurs de catamaran de balade à la journée… mais en milieu d’après-midi, les anses, les plages et les équipements sont à notre entière disposition.

On se fera donc des travers de porc au barbecue, des pommes de terre, de l’igname, de la patate douce, … bref un festin le soir, comme des Robinsons sur leur île.

Notre petite plage privée, le soir
A droite, l’équipage de Maracuja

[Aurélie: Pris dans l’euphorie de notre dîner de Robinson, nous oublions un peu notre environnement. Tout à coup Brune s’approche de moi et me dit le plus calmement du monde « Maman, c’est étrange, je ne vois plus que une seule annexe… » La miss a l’œil. C’est régulièrement elle qui nous rappelle qu’il est temps de remonter la ligne de pêche ou les dérives avant d’arriver au mouillage, de mettre le feu de mouillage à la nuit tombante ou de prendre le feu d’annexe quand nous sortons le soir. Bref, passée l’émotion de voir mon brugnon devenir chaque jour plus autonome et plus responsable, je tourne la tête et découvre qu’effectivement il ne reste plus qu’une annexe. J’avoue que ma première pensée a été « ouf la nôtre est là » et la deuxième a été de sonner l’alerte. Ni une ni deux Eric balaie la baie avec notre spot et nous découvrons l’annexe de Maracuja dansant sur le banc de corail qui encercle la baie. Plus de peur que de mal… mais de nouveau un avertissement à moindre frais. Après l’épisode de l’annexe de M&Ms et de Maracuja, on va tenter d’éviter de donner raison à l’adage populaire qui dit que « jamais 2 sans 3 ».]

Barbuda, nous voilà

Nous quittons Great Bird Island avec précaution, en cherchant un passage entre les patates de corail, en veillant d’un œil le sondeur, d’un autre la grosse houle qui fait varier la profondeur de plus d’un mètre… sueurs froides, mais finalement nous atteignons la pleine mer sans encombre.

Le vent ne s’est guère calmé. Nous faisons donc route plein Nord, avec le même vent que les jours précédents, mais la houle en plus, car là nous ne sommes plus sous le vent d’une île protectrice.

En échange, nous assistons aux spectacles de l’océan : une baleine à bosse sonde juste devant Moutik (pas rassurant, l’animal est énorme et on ne tient pas à le percuter), puis plus tard, nos premiers dauphins depuis bien longtemps. De tout petits dauphins, qui accompagne notre navire durant quelques minutes, avant de filer poursuivre leur route.

Barbuda est une île toute plate. On ne la voit pas… même à quelques miles. Il faut attendre d’être à à peine un mile pour découvrir la végétation basse et surtout les rouleaux qui annonce des récifs de corail menaçants.

Nous nous faufilons dans la passe de Spanish Point… et la mer se calme d’un coup… on découvre un lagon… … … … exceptionnel ! Plus turquoise n’existe pas. Il n’y a aucun bateau. La plage est interminable et vierge. Et pour compléter le tableau, des raies sautent hors de l’eau et retombent avec fracas (elles se débarrassent des parasites). Notre séjour à Barbuda s’annonce bien.

Elle n’est pas belle notre piscine privée ?
Spanish Point, depuis le drone. Maracuja et Moutik dans le lagon. L’océan à droite.

Pendant la traversée, Maracuja a pêché une belle dorade coryphène : le dîner est assuré.

Nous débarquons sur la plage tranquille : les stigmates de l’ouragan Irma sont bien visibles. Des arbustes arrachés, des cabanes de fortunes sur les vestiges d’anciennes maisons (personne n’est plus là cependant), des coquilles de lambis, probablement sortis des eaux par la tempêtes, des tôles enchevêtrées dans la végétation, …

Cocoa Beach

Le lendemain, nous faisons un saut de puce, vers Cocoa Beach, la plage un peu plus au Nord et encore mieux orientée (face à l’Ouest).

Ici, il y a 4 ou 5 voiliers, plutôt espacés : pas un drame, la plage est juste immense.

A terre, il y a un hôtel, flambant neuf. Et juste devant un hydravion au mouillage. C’est le propriétaire qui a refait faire l’hôtel, joliment mais sommairement (il y a 6 à 8 bungalows façon tentes), à la suite d’Irma. L’hôtel n’est pas ouvert… il est à vendre : le type baisse les bras ; trop risqué.

Avec Mathieu, capitaine de Maracuja, nous partons pour un long snorkeling sur le banc de corail voisin. La mer brise pas mal et réduit la visibilité. Il y a de la vie, mais on ne distingue pas grand chose. Et puis, en pénétrant un peu plus sur le haut-fond, à l’abri de la houle, dans un trou, une splendide langouste. Comme chaque fois, on n’a pas le fusil… et le temps de plonger deux ou trois fois, elle s’enfonce profondément dans son trou, on ne distingue plus que son grincement caractéristique. On lève la tête hors de l’eau… et là, à 10 m. de nous, l’aileron caractéristique du requin. Un gris probablement, d’un bon 1,5 m.. On contourne le récif… trop tard… il s’est enfuit ou caché.

Barbuda Harbour

Le lendemain nous progressons encore plus au Nord, vers le « port » de Barbuda. En réalité, un enrochement qui protège un court quai, permettant de recevoir le tout petit ferry qui joint Antigua et Barbuda. L’approche est délicate : l’orientation de la côte est moins bonne ici, une mauvaise houle fait varier la profondeur… alors qu’il y a des patates partout.

Tant bien que mal, Moutik se faufile sous l’abri de la jetée. Avec Mathieu nous allons à terre. Objectif : joindre la « capitale », au cœur de l’île, pour trouver la douane et faire la clearance de sortie : d’ici 2 jours, nous partons pour Saint Christophe (St. Kitts pour les intimes).

Le port donne immédiatement sur l’unique route. On commence à marcher… on fait du stop… la première voiture s’arrête !

Le chauffeur est un entrepreneur local. Il est le fournisseur de sable pour l’île. Le business tourne plutôt bien : il faut reconstruire, faire du ciment, etc.

Ici, tout le monde se connait je suppose. Car lorsqu’on lui annonce qu’on va à la douane, non-seulement sait-il où c’est (le village est microscopique…) mais il connait le douanier et a son numéro de portable. Il l’appelle : grand bien lui en a pris, le type était en train de déjeuner, nous aurions attendu devant la porte close de la douane. Il nous dépose devant le bâtiment, une petite maison sans étage, comme la plupart des constructions ici. C’est plutôt soigné d’ailleurs, avec des jardins plus ou moins entretenus autour des maisons. C’est calme. Reposant.

Le douanier arrive, tout sourire. Les formalités sont effectuées en quelques minutes. Poignées de main. « Take care man !« .

Nous revenons sur la route principale et progressons vers le port. Rebelote : le stop fonctionne aussitôt. C’est un pick-up, pas le temps de discuter, on embarque à l’arrière. Il y a un seul type dans la benne. Je me présente, il fait de même. L’anglais n’est pas très propre… plutôt un accent espagnol. Je me risque en espagnol : il est originaire de République Dominicaine. On parle ; d’ici, de son boulot (il travaille sur les chantiers) ; de la Rép. Dom. où il nous recommande la prudence si l’on y passe (ça n’est pas forcément prévu), car l’insécurité est forte. On arrive au port, le pick-up nous débarque. Je remercie le chauffeur et j’en profite pour taper la discussion. Au passage, nous interpellons un pécheur de langouste : 70 EC$ (env. 20 €) pour 6 belles langoustes…

Les habitants de Barbuda que nous avons rencontré ont tous été prévenants, souriants, accueillants. Comme à chaque fois, on regrette de ne pas prendre plus de temps… et on réalise combien l’arc antillais est vaste et la population si souvent douce. On y passe infiniment plus de temps que les touristes de passage, mais il faudrait bien plus encore pour parfaitement y goûter.

Clearance effectuée, nous avons 24h pour quitter le pays… mais vu l’absence totale de gardes-côtes, on pourra bien tirer 48h !

Nous poursuivons encore au Nord, vers « 11 Miles Beach », une magnifique plage, interminable, au sable rose. Un long isthme sépare la mer, côté plage, du « Lagon de Codrington ». Sur notre carte, l’isthme est ininterrompu et il est indiqué qu’on peut le franchir, à l’endroit le plus étroit, en tirant son annexe sur le sable. Irma est une fois de plus passé par là : l’isthme est coupé, le lagon communique avec la mer ; il est pratiquement impossible de franchir la passe tant l’eau y est tumultueuse.

Au coucher de soleil : l’isthme au premier plan, l’ouverture plus loin

A quelques centaines de mètre de ce « trou », un ancien hôtel, « Lighthouse Bay Barbuda », est totalement sans dessus-dessous. La tempête d’Irma a modifié le profil de la plage. L’hôtel, probablement un peu près du bord, s’est effondré dans l’eau. La piscine penche à 45°, des chambres sont éventrées, le lit, le matelas et la literie battus par les embruns. Tout est fissuré. On peut imaginer le désespoir du propriétaire et des employés : c’est inreconstructible… d’ailleurs, l’endroit est totalement abandonné.

Après deux jours, nous quittons Barbuda vers l’Ouest : Saint Christophe est à une quarantaine de miles. Maracuja nous précède, mais nous les dépasserons bientôt !

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3 commentaires

  • GERARD FITOUSSI

    Que vous dire sinon Merci, merci et merci !!!!? Encore des heures que vous aurez soustraites au farniente et qui nous auront sacrément fait plaisir ici dans le « far east » ! Profitez, les amis !!! Que chaque seconde passée dans cette parenthèse vous ravisse !

  • agathe

    Ca sent vraiment les vacances!!! Dingo de ne pas rester encore plus longtemps dans ces lieux magiques. Merci pour la « lumière terne de Paris »: pas du tout, aujourd’hui, grand beau ciel bleu…. bon d’accord, entre 6h00 et 10h car là, ça se couvre. Samedi, sur les Champs, la lumière était plutôt orange-feu dans des nuages de gaz lacrimo…. youpi! Va falloir vous reconditionner pour le retour qui se profile…. rassurez vous, on vous entourera et y a de bons psy à Paris, et chez Nature & Découverte, des lampes pour reproduire le soleil et mettre de bonne humeur. Question : Eric, comment vas-tu pouvoir te passer de Moutik???!!! Veux-tu que je me renseigne pour un mouillage dispo sur la Seine? Biz à tous !

  • Hugues

    Bon les amis c’est sympa les eaux turquoise , les raies, les tortues les frégates mais nous aimerions bien connaître vos opinions sur le grand débat qui s’achève ici !!
    Non je deconne …..
    J’adore la description du bateau par Éric !! Aurelie ça te fait rêver non ??
    Bref tout va bien je vois de votre côté
    ..
    les terriens vous embrassent et ont
    hâte de vous revoir cet été !!!
    Bises

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