Pré-transat
Préparations
Le Grand Départ approche… alors je prépare le bateau encore et encore.
Là, je me lance dans les vidanges du moteur. Plus question de le faire faire par un professionnel. D’abord ils ne sont pas si pro que cela, ça coûte cher d’autant que sur un catamaran… y’a deux moteurs, et puis après tout, y’en a des plus cons qui savent le faire !
C’est parti : j’ai la pompe de vidange (une petite pompe à piston manuelle permettant d’aspirer l’huile dans le fond du carter), des bouteilles vides de 5 litres (pour l’huile souillée), de l’huile 15W40 toute neuve, des pièces de rechange (filtres à huile, filtres à gasoil, impelers), des outils (dont l’indispensable clé à filtre)… et du Sopalin, car un moteur… c’est dégueux dedans !
Le premier moteur passe sans encombre :
- accès à l’orifice de purge du carter moteur, pompage des env. 5 litres d’huile (noircie, normal, c’est la combustion);
- accès à la purge du « saildrive » (transmission), pompage des env. 2 litres d’huile (claire, normal, ici il n’y a pas de combustion);
- remplacement du filtre à huile (non sans en mettre un peu partout);
- remplacement du filtre à gasoil (idem, et là ça pue, surtout dans une cale moteur de 1m x 1m);
- vérification de l’impeler (la roue à aube qui fait circuler l’eau de mer dans le moteur).
Tout est remis en place. Je lance le moteur…il tousse un peu… menace de s’arrêter… je le pousse un peu… et c’est reparti : il fonctionne à merveille !
Je suis fier (c’était simple, il suffisait de se graisser les mains un petit peu).
Nettoyage, tout est remis en place : le moteur suivant demain !
Le lendemain, je reprends la procédure sur le second moteur. Ca va bien plus vite : je suis en terrain connu.
Une petite contrariété : l’huile du saildrive est blanche. Dans le jargon on dit que c’est de la mayonnaise. Ça n’est pas bon ! C’est le signe que de l’eau (de mer) pénètre dans le saildrive et fait une émulsion avec l’huile. L’explication est assez directe : un cordage, un fil de pêche ou un filet (comme ceux constatés à Melillia…) a forcé sur l’axe de l’hélice et le joint « SPI » qui assure l’étanchéité est endommagé… Ça n’est pas trop grave, car le moteur ne sera guère utile avant un moment… mais il faudra faire sortir le bateau de l’eau en Martinique : une telle intervention ne peut se faire qu’à sec !
Mais revenons au moteur : tout est remis en ordre… je le démarre ! Et là pareil, le régime diminue, le moteur menace de caler… et… il cale !
Bon, je recommence : rien à faire, il ne démarre plus.
Grrrrr… j’ouvre de nouveau la soute, j’actionne la pompe manuelle de diesel : le moteur daigne démarrer, mais après quelques secondes, le régime baisse et il cale.
Bordel… c’est quoi le problème ? J’ai tout bien fait, tout pareil qu’hier !!! Quand ça veut pas, ça veut pas !
Aurélie va chercher de l’aide (je suis trop fier pour y aller moi-même) : d’abord Geoffrey, sur LouiseAnna. Pendant ce temps je me jette dans la lecture de mon manuel Vagnon des moteurs diesel-marine.
[Aurélie] Je précise qu’avant d’aller chercher Geoffrey, j’ai à plusieurs reprises émis l’idée que, comme sur la pompe à eau, il y avait peut-être une purge d’air… mais je n’ai pas été entendue… Voyant l’énervement monter chez mon homme, je suis partie chercher Geoffrey en me disant que dans le meilleur de cas il aurait la solution, et dans le pire des cas il forcerait indirectement Eric à garder son calme :-).
Aurélie part chercher le voisin : un italien avec un gros cata (58 pieds) qui sait forcément tout faire…
Et là, le manuel désigne la « purge d’air après le changement du filtre à gasoil »… simultanément, l’italien met le doigt sur la vis de purge en demandant si j’ai bien purgé. S’en suit une discussion pour savoir s’il faut purger moteur éteint ou moteur tournant… on s’en fiche pas mal vois-tu ! J’ouvre la purge, je pompe un peu, au début on croirait qu’un escargot dégorge, puis ça sort plus fluide.
Et paf, le moteur démarre… et se porte comme un charme !
[Aurélie] J’ai la victoire modeste donc je me contenterai de jubiler intérieurement…
[Eric] Ça va, hein ! C’est pas toi qu’a les mains qui puent le gasoil !
Plus tard, Oscar (jeune équipier de Pouplier, un bateau-copain), monte au mât de Moutik, armé d’une GoPro : il filme les haubans, la tête de mât, etc. RAS, tout à l’air en état.
Le lendemain, je me mets à l’eau pour nettoyer la coque : les algues et coquillages se croyaient en terrain conquis ? Ben plus maintenant. Moutik glissera dans l’océan débarrassé de ses parasites.
Et puis je refais des courses (le marché attendra le dernier jour) : quelques bouteilles d’eau, des pâtes, des chips, du thon en boîte, etc.
01/12 – (Petit) départ…
Aujourd’hui est le petit départ (avant le Grand).
Aurélie, Kino et les petites prennent l’avion pour Lisbonne puis Paris.
Elles vont passer quelques temps en France; nous nous retrouverons aux Antilles juste avant Noël.
Mais tout n’est pas si simple… car à l’enregistrement, on nous explique qu’il faut une autorisation pour que les petites voyagent sans leur père… et qu’une telle autorisation ne s’obtient qu’en ville, à la mairie, etc.
Le stress monte. On parlemente. Un policier se déplace, ne s’adresse surtout pas à nous… mais à l’agent d’enregistrement. Puis la manager de l’aéroport… et, in-extremis, ils acceptent que je transmette par email nos passeports, le livret de famille et que je rédige une autorisation manuscrite !
Les petites qui étaient déjà secouées par la perspective de la séparation ont été solides et courageuses : bises, au revoir !!!
01/12 … et arrivée !
A peine les filles ont-elles disparues que je me précipite vers les arrivées : mes deux équipiers, Guénolé et Guillaume arrivent par le même avion et sont en train de passer la douane.
Ils sortent enfin, les sacs chargés de fromages, saucissons, vins, … enfin Guillaume surtout, car Guénolé a déjà commis sa première gaffe : ses courses sont restées… dans son frigo !
Arrivée à Mindelo, ils déposent leur affaires et prennent connaissance de Moutik, avant que nous allions trinquer et déjeuner à l’Alliance Française de Mindelo (excellent restaurant).
02/12 J-1
Après consultation de la météo, c’est décidé : nous partirons le 03/12. Il n’y a pas de raison de retarder plus.
Donc aujourd’hui nous faisons un tour au marché pour le frais, un rapide passage au supermarché pour les bricoles oubliées (…).
Et la journée est meublée par le « briefing sécurité », le « briefing électronique », etc.
… Après-demain (sans doute, ou le jour suivant) : le grand saut !!!
Un commentaire
Patou
Bravo, passionnant votre balade à Santo Antaõ, vous en avez vu bien plus que nous, il y a longtemps. Ca donne envie d’y revenir… Les photos sont magnifiques. Souhaitons que Santo Antaõ reste préservé du monde moderne.