Les navigations

En route vers les Baléares

Nous avons une fois de plus dû faire la traversée entre LGM et l’Espagne au moteur…

Cette fois-ci, point de lune. Nuit noire. Sentiment ambivalent. A la fois c’est assez satisfaisant de re découvrir ce que signifie « la nuit noire », de pouvoir admirer un ciel étoilé pollué par aucune source de lumière électrique. Et en même temps, ce n’est pas très confortable en tant que naviguant de ne rien voir sur l’eau. Heureusement le radar sera nos yeux et nous partons, sereins.

Sereins et émus.

Nous quittons la France pour de bon… notre voyage prend une nouvelle dimension, celle dont nous rêvons depuis si longtemps.

La nuit se passera sans encombre et s’achèvera par la visite d’un banc de dauphin au lever du soleil. J’ai de nouveau 5 ans, je saute sur mon téléphone pour les filmer mais dans l’excitation je ne déclenche pas la vidéo… tant pis, je serai la seule heureuse témoin de cette rencontre.

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Nous arrivons dans une jolie baie au nord de Port Lligat, Badia de Guillola, vers 13h. Et à notre plus grande joie, la baie est déserte!

A peine le temps de mouiller, les filles sont dans l’eau pourtant fraîche. Nous passerons l’après-midi entre sieste, baignades et visite sur la petite plage sauvage au fond de la baie. Le soir, la fraîcheur s’impose. L’automne est là. Nous sortons les pulls pour la première fois en deux mois.

Eric avait repéré que la maison de Salvador Dali se trouvait à Port LLigat et réserve une visite guidée pour le lendemain.

J’avais vu un reportage sur cette maison et l’importance qu’elle avait eue pour Salvador Dali. J’étais donc ravie de pouvoir enfin la visiter. Et je n’ai pas été déçue.

Cette maison qu’il avait acquis en 1930, n’a cessé d’évoluer jusqu’en 1972. Dali a en effet racheté progressivement toutes les maisons de pécheurs mitoyennes de la sienne. Sa demeure a donc grandi de façon « organique » jusqu’au début des années 70 pour prendre la forme définitive qu’elle a encore aujourd’hui. C’est un dédale de petites pièces chacune avec une vue imprenable sur la baie de Port Lligat qui était une source inépuisable d’inspiration pour l’artiste.

Le jardin qui a été établi sur une oliveraie, est également parsemé d’œuvres du maître et servi de décors à plusieurs installations et performances artistiques.

Les filles ont adoré cette visite. Le côté alambiqué de la maison, ses dimensions de maison de poupée et la décoration farfelue les ont enchantées. Brune a conclu la visite par « C’est la maison de mes rêves! » et « Franchement c’est vraiment dommage… je ne comprends pas que personne n’habite dedans! ».

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Le lendemain de cette visite, la météo nous annonce un vent de 15-20 noeuds nous portant droit vers les Baléares. Nous sommes en limite de la zone de vent mais nous tentons notre chance et quittons Port Lligat vers 17h direction Minorque.

La première demi-heure de navigation se passe comme nous l’espérions. Vent à 15-18 noeuds, au portant et une mer assez calme. Nous avançons à 10-11 noeuds. Le bonheur…. qui ne dure pas.

Tout d’abord il y a un grincement étrange au niveau du mât. Suffisamment inquiétant pour nous faire prendre un ris afin de ne pas trop solliciter la drisse qui semble être la source de ce bruit étrange (au final il semble que ce soit juste le vit-de-mulet (articulation reliant la baume au mât) qui avait besoin d’un peu de dégrippant).

Puis, au moment ou nous déroulons le génois, on entend un « clong! » et je vois une pièce voler sur le trampoline… l’écoute s’était coincée dans le winch en pied de mât et a arraché le haut du winch (heureusement nous avons pu récupérer toutes les pièces et reconstituer le puzzle dès le lendemain).

Ce petit coup de stress passé, je prends mon quart, vaseuse, pendant qu’Eric s’occupe de coucher les filles.

Le vent s’éteint rapidement et tourne. Nous nous retrouvons avec 8-9 noeuds de vent par 50°. Par ailleurs la houle s’est formée et nous nous faisons secouer dans tous les sens.

Là encore, nuit noire. Le vent tombe à 5-6 noeuds par 30°. J’enroule le génois. Le vent n’est pas suffisant pour bien appuyer sur la grand voile qui claque et grince à chaque vague que l’on prend de travers… nous n’avançons plus qu’à 3 noeuds je craque et je finis par mettre les moteurs.

Au matin, le mal de mer s’attaque au capitaine qui finit la traversée allongé sur les trampolines.

Nous sommes d’autant plus heureux de découvrir la côte de Minorque vers 15h.

Et pour couronner le tout, une daurade coryphène vient engloutir notre hameçon juste avant notre arrivée sur la côte! Le repas de ce soir est assuré!! Merci Poséidon!

Je ne sais pas lequel des 2 est le plus fier.

 

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