Cap Vert : Mindelo, enfin !
20/11 – Dodo à Santa Luzia
La navigation depuis Sao Nicolau est assez tranquille, il fait beau, mais la houle venue du Nord est assez forte.
Nous passons à bonne distance de quelques petits îlots.
Puis la nuit tombe.
Alors que je veille, je crois apercevoir, loin devant, un feu. Peut-être une barque de pêche. Rien au radar. Je surveille attentivement… mais la lumière est finalement proche, très proche, à telle point que je donne un fort coup de barre à droite et j’appelle Aurélie.
De retour sur le pont, nous voyons approcher cette lumière verte. Ça n’est pas une barque, il n’y a rien à la surface. La lumière est très forte, « sous l’eau » !? Alors que nous passons à moins de 20 m, on distingue ce feu vert puissant, d’environ 2m de diamètre, sous l’eau, un petit flotteur avec un feu à éclat et un cordage d’une dizaines de mètres avec quelques petits flotteurs.
C’était quoi ça !?!?
Nous ne le saurons jamais. Quelques suppositions seulement : une sonde météo, un houlographe ou autre dispositif de relevé de salinité, etc. Mais dans ce cas, pourquoi un tel phare SOUS l’eau ? Un dispositif de repérage décroché d’un filet dérivant ? …
Finalement, nous arrivons dans la nuit, vers 21h, devant Santa Luzia. C’est une île inhabitée, bordée d’une longue (et belle plage). Nous détectons au radar la présence d’autres bateaux : nous nous glissons entre eux et nous lâchons l’ancre.
Dodo, nous mettons un réveil pour partir tôt : la houle n’est pas propice à rester bien plus longtemps.
21/11 – Fuite
Dommage que nous n’ayons pas vu Santa Luzia et les autres rochers qui constituent les petites îles entre Sao Nicolau et Sao Vincent.
Mais au matin, le vent est toujours fort et s’annonce pire dans les heures à venir.
Nous filons vers Sao Vincent : la seule île qui possède une baie bien protégée, un port… et une marina de plaisance : Mindelo.
21/11 – Juste à temps !
Nous arrivons enfin à Mindelo : c’est un aboutissement.
D’abord c’est là que va s’arrêter (temporairement) le voyage pour Aurélie et les filles. Elles vont bientôt prendre l’avion pour rentrer en France et elles me rejoindront aux Antilles.
Et puis c’est le « bout du Monde » : à l’Ouest, c’est l’Atlantique, la « transat », plus de 2000 miles nautiques (4000 Km) avant les Antilles…
La marina de Mindelo, ce sont aussi les discussions de pontons : nous retrouvons des bateaux aperçus auparavant (aux Canaries, au Maroc, …). C’est international, mais très français. Je l’ai déjà dit plus tôt : le monde de la navigation au long cours est très français, surtout en Atlantique et ça se voit !
Mais pour l’instant, nous arrivons juste à temps pour jeter l’ancre dans la baie, débarquer Aurélie et les filles, qui sautent dans un taxi pour réceptionner « Kino », la maman d’Aurélie : elle nous rejoint ici pour une dizaine de jours de tourisme.
Je retourne au bateau, je négocie une place et je viens accoster sur les pontons flottants, plutôt malmenés par la houle, D’ailleurs, dans les jours qui vont suivre, nous changerons de place 3 fois, après avoir arraché une « chaîne mère » (les grosses chaînes noyées au fond des ports, qui retiennent les bouées et pendilles).
A terre, Mindelo se découvre comme les peaux d’un oignon :
- d’abord la marina est un petit bout de monde moderne, protégé par des badges et des vigiles : des voiliers modernes, un personnel multilingue, de l’eau douce, un bar-restaurant propre (à la cuisine décevante et au tarif élevé), des services de réparation, …
- puis on sort de la marina : Mindelo semble une grande ville… à l’échelle du Cap Vert… sur le front de mer il y a des distributeurs d’argent, des petits supermarchés, des restaurants, quelques boutiques qui se voudraient branchées, …
- et plus tard, nous découvrirons qu’une fois passées les premières rues, les faubourgs sont plus glauques.
- le reste de l’île est à l’image du Cap Vert : rurale et très sèche.
22/11 – Vie de ponton
Dès le lendemain, nous sommes rejoint par nos amis de Pouplier : ils ont fuit l’île de Sal juste après nous, la houle se levait, pénétrait dans la baie, le mouillage devenait difficile à tenir.
Les enfants passent d’un bateau à l’autre, les apéros s’improvisent, nous investissons les restaurants à 11 à la fois, …
On répare un peu (Moutik n’a pas beaucoup souffert jusqu’à présent, je n’ai que des bricoles à réparer).
On se prépare pour la transatlantique :
- un tour au marché pour vérifier ce que l’on pourra acheter la veille du départ (super marché, bien garni, principalement des productions de l’île-grenier voisine de Santo Antao);
- un œil aux supermarchés où finalement, malgré les rumeurs, on trouve quelques victuailles à des prix décents (bière, eau, soda, conserves, pâtes, riz, même des rayons boucherie honorables et propres);
- j’achète une bouteille de gaz locale… avec un détendeur, car le gaz, c’est comme les téléphones portables d’il y a quelques années : à chaque modèle sa connectique ! Je ferai le tour de toutes les quincailleries pour finalement tomber sur le raccord qui me manquait !
Mais place au tourisme : il est encore tôt, mes équipiers de transatlantique n’arrivent que le 01/12. Alors nous planifions une excursion de quelques jours à Santo Antao, l’île voisine que l’on distingue à l’horizon avec ses hautes montagnes.
2 commentaires
Agathe
Mindelo…. c’est encore une fois un nom familier mais dont je ne garde pas le souvenir de ce que vous avez vu en arrivant de la mer et en transitant par la Marina moderne et internationale! C’est drôle comme les points de vue changent selon son moyen de locomotion. Selon les époques aussi, certainement, car en près de 40 ans, les choses ont dû changer!
Bon, pour la lumière verte sous l’eau, va falloir se renseigner car c’est TRES intriguant!!!
Biz…. on attend les articles sur la transat de la mort!!
Patou
Intrigant cette lumière verte, de grande taille en plus. La nuit on est plus craintif, donc vous ne vous êtes pas trop approchés. Ca fait penser à des histoires de James Bond et du Dr No, il y a des choses commme ça, pleines de mystère et de menace, avec des méchants avec leur fusil harpon. En cherchant sur le web on voit que la lumière est utilisée pour attirer les calamars et d’autres bestioles, c’était peut-être qqchose comme ça. Ou alors une sorte de balise, 2m de diamètre c’est considérable, ça peut se voir de très haut , d’un satellite ?
Mindelo a dû bien changer depuis 198x (je ne m’en souviens plus), ce dont je me souviens très clairement c’était les carcasses de bateaux rouillées, éventrées, et les pontons tout cassés, plein de trous. Je me souviens aussi du marché, au bord de la mer, avec des étals en ciment et des balances fixées dans le ciment. Je me souviens aussi que de l’autre coté de la baie on apercevait des taches blanches, sans doute des zones couvertes de pierre ponce au milieu des laves plus foncées.
Il n’y avait pas de marina à cette époque ou bien on ne l’avait pas cherchée vu qu’on était des marcheurs. Je me souviens de l’usine de dessalement de l’eau de mer, proche de l’embarcadère pour Santo Antaõ, mais la ville, pas bien grande, ne m’avait pas semblé « glauque », il faut dire que lorsque nous trouvions une épicerie « portugaise » c’était le bonheur, on avait moins de besoin que des navigateurs modernes !